jeudi 18 novembre 2010

Oskar Freysinger, coqueluche des identitaires français

Le conseiller national udéciste est annoncé comme vedette à des assises sur l'islam organisées par un collectif très marqué à droite.

Le conseiller national udéciste Oskar Freysinger est la «guest star» d'assises organisées le 18 décembre prochain à Paris par le Bloc identitaire, une des nombreuses composantes de la galaxie de la droite de la droite française. Cette formation est née à la suite de la dissolution d'Unité radicale, dont un des membres, Maxime Brunerie, avait tenté d'assassiner le président français Jacques Chirac, mais sans que la justice voie un lien entre cette appartenance et son acte attribué à une certaine fragilité mentale. Le 18 décembre prochain se tiendront en effet à Paris les «Assises internationales sur l'islamisation». Cette réunion revendique comme modèle l'organisation d'un Apéro saucisson-pinard qui s'est tenu en juin dernier à la Goutte d'Or, à Paris, un quartier connu pour abriter une forte population musulmane. Le Bloc identitaire s'est aussi distingué en distribuant des «soupes identitaires», contenant du porc. Une manière de trier de manière ostentatoire nécessiteux musulmans et autochtones...
Oskar Freysinger est présenté en orateur vedette du raout identitaire. «La votation suisse contre les minarets en 2009 a montré l'ampleur de l'inquiétude des électeurs», peut-on lire dans le tract annonçant la rencontre.
Il y a une année, un autre udéciste, le conseiller national jurassien Dominique Bättig, s'était rendu à une rencontre du Bloc identitaire à Orange, l'un des fiefs de l'extrême droite française, avant de s'en distancier. Son parti avait à l'époque plaidé un certain amateurisme politique du député.

Piégé?
Oskar Freysinger, lui, explique avoir répondu présent à l'invitation non pas du Bloc identitaire mais d'un essayiste et écrivain, Jean Robin: «J'ai eu l'occasion d'échanger longuement avec lui lors de mon voyage à Bruxelles, c'est un homme tout à fait fréquentable.» En revanche, il se donne un petit temps de réflexion quant à sa participation: «Je veux être sûr qu'il n'y aura ni négationnistes ni nazis à cette réunion; et si tel était le cas, il est hors de question que j'y participe.»
De fait, les assises sont organisées par une vingtaine d'associations, le Bloc identitaire en tête, certes, mais aussi par un mouvement appelé «Riposte laïque». Plusieurs de ces collectifs sont toutefois liés au Bloc identitaire, comme l'Agence Novopress, spécialisée dans la distribution d'informations liées à cette mouvance.

Nouveau populisme
Bruno Verdoine, responsable de communication du Bloc identitaire, récuse le terme d'extrême droite, lui préférant celle de parti populiste: «S'il faut nous donner une étiquette, disons que nous nous situons quelque part entre le MPF de Philippe de Villier et le Front national.» Et de prendre pour modèle la Ligue du Nord en Italie et l'UDC en Suisse! «Nous allons présenter un candidat à la présidentielle, il fera campagne sur la démocratie directe telle que la pratique votre pays.»
Un recentrage partiellement confirmé par Jean-Yves Camus, politologue et spécialiste de l'extrême droite en Europe1: «Le Bloc identitaire cherche la respectabilité, il gomme ses comportements les plus extrémistes, la venue d'une pointure comme M. Freysinger est un bon calcul de sa part.»

Une vedette?
Pourquoi inviter Oskar Feysinger à Paris? «Parce qu'il est très connu en France, c'est l'homme de la campagne contre l'érection des minarets», selon M. Verdoine. De fait, le conseiller national valaisan a fait la «une» du journal d'extrême droite Minute, paru le 3 novembre.
Quant à l'UDC, elle ne se prononce pas sur la présence ou non de M. Freysinger à Paris. «Il y va à titre personnel, cela le regarde», résume Kevin Grangier, porte-parole adjoint du parti blochérien. «L'UDC fait de la politique en Suisse et uniquement en Suisse, elle n'est alliée à aucune formation de pays voisins.»

Philippe Bache dans le Courrier

Note : 1Jean-Yves Camus sera à Genève pour une conférence lundi, à l'invitation d'Acor SOS Racisme (20h15 au Café Gavroche, 4 boulevard James-Fazy).

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