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Christoph Blocher est-il réellement attaché à la séparation des pouvoirs, comme il l'affirme régulièrement? De plus en plus d'observateurs en doutent. Il s'était déjà immiscé dans les affaires du ministère public de la Confédération. Hier, il a remis ça en s'attaquant à un autre organe judiciaire: la Commission de recours en matière d'asile (CRA), qui depuis le début de cette année est intégrée au Tribunal administratif fédéral. Son discours est sans équivoque: la Suisse est confrontée à de nouveaux problèmes «fabriqués» par la CRA.
Erythréens dans le viseur
Une décision le fâche particulièrement: l'octroi du statut de réfugié aux déserteurs et objecteurs de conscience érythréens. Selon Christoph Blocher ce jugement, qui date pourtant déjà de décembre 2005, pousse de nombreux ressortissants de ce pays à venir en Suisse déposer une demande d'asile. D'autant que selon l'Office fédéral des migrations (ODM), les autres états européens seraient moins généreux. Autre reproche, la CRA a fixé des conditions beaucoup trop élevées pour renvoyer au Kosovo, en Serbie ou en Bosnie des requérants admis provisoirement. Le chef du Département fédéral de Justice et Police reproche aussi à la commission de recours de ne pas reconnaître une décision de refus de l'asile rendue en Allemagne.
Porte-parole de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés, Yann Golay se dit choqué: «Il semble très désagréable à notre ministre de la Justice qu'un tribunal corrige des décisions de son office des migrations et accorde protection à ceux qui en ont besoin.» Pour Yann Golay, la CRA ne fait qu'appliquer le droit.
Christoph Blocher rejette l'accusation de ne pas respecter la séparation des pouvoirs. Selon lui, rien ne l'empêche de critiquer les décisions de la CRA. Il dit aussi espérer que son rattachement au Tribunal administratif fédéral modifierait ses pratiques. La Commission de recours, elle, n'a pas souhaité s'exprimer sur les critiques du ministre de la Justice
«Propagande électorale»
Quatre mois seulement après l'acceptation par le peuple des nouvelles lois sur l'asile et les étrangers, le conseiller fédéral UDC et ses services annoncent déjà des durcissements supplémentaires. Ils veulent notamment limiter les activités politiques des exilés vivant en Suisses. Certains organiseraient des manifestations pour rendre «dangereux» leur retour dans leur pays et ainsi éviter un renvoi. Les mariages conclus à l'étranger par procuration devraient eux aussi être interdits. Eduard Gnesa, directeur de l'ODM, s'est encore exprimé sur l'intégration, en soulignant que seuls 25% des réfugiés travaillaient: «Si l'intégration est mauvaise cela engendre des coûts élevés.»
Toutes ces déclarations fâchent profondément l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés. Son porte-parole dénonce: «de la pure propagande électorale faite sur le dos des personnes persécutées.»
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