L'offensive de Marine Le Pen était ce week-end au cœur des débats lors du conseil national de l'UMP et Jean-François Copé a clairement appelé la droite à en tenir compte.
La droite traditionnelle est consciente du danger que représente pour elle la montée en puissance de Marine Le Pen et pourrait riposter en occupant plus fermement le terrain sur les thèmes de prédilection du Front national que sont l'insécurité et l'immigration.
La dernière sortie médiatique en date de la vice-présidente du FN, qui a comparé vendredi 10 décembre à Lyon les "prières de rue" des musulmans à l'Occupation, n'a pas tardé à susciter des réactions dans la majorité, notamment dans les rangs de l'UMP. Après avoir paru vouloir rendre sa formation plus présentable, la numéro deux du FN, bien placée pour prendre en janvier la tête du parti avant de se lancer dans la course à la présidentielle de 2012, semble soucieuse désormais de se rapprocher des thèses défendues depuis toujours par son père.
"Je suis très surpris de l'étonnement de certains", a déclaré dimanche Brice Hortefeux sur i>Télé et France Inter. "Il s'agit en réalité de propos très classiques tenus par son père. Elle s'inscrit dans la filiation." Le ministre de l'Intérieur a ajouté "ne pas partager du tout" les propos de Marine Le Pen et a appelé à la vigilance sur "des idées qui peuvent se banaliser".
Au cœur des débats à l'UMP
L'offensive de Marine Le Pen était ce week-end au cœur des débats lors du conseil national de l'UMP et Jean-François Copé a clairement appelé la droite à en tenir compte. Le secrétaire général du parti majoritaire a évoqué une situation de "danger électoral" créée par la remontée du FN et estimé que le meilleur moyen pour l'UMP d'y répondre était "un retour à fond" aux fondamentaux de la droite et à ses valeurs, notamment "la fermeté."
"A nous d'être très offensifs, à l'image de ce que fait Brice Hortefeux dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre l'immigration clandestine", a dit Jean-François Copé, qui s'est prononcé en outre pour une relance du débat sur l'identité nationale, abandonné au printemps dernier après avoir créé de vifs remous. Cette nouvelle stratégie que Jean-François Copé appelle de ses voeux risque de poser un problème à Nicolas Sarkozy.
Après une séquence sécuritaire marquée notamment par son discours de Grenoble liant immigration et délinquance et la polémique sur les expulsions de Roms, le président semblait en effet vouloir donner une tonalité plus apaisée et plus consensuelle à la dernière phase de son quinquennat.
Un danger pour Sarkozy
Pour le politologue Dominique Reynié, Marine Le Pen représente une menace bien réelle pour le chef de l'Etat dans la perspective de la présidentielle de 2012. "Elle représente un danger pour Nicolas Sarkozy", estime Dominique Reynié dans les colonnes du Journal du Dimanche. "Elle peut fragiliser son score au premier tour et gêner le report des voix au second. Si le FN réalise un score élevé, cela signifiera qu'il a pris des voix à la gauche. Celles-ci n'iront pas forcément vers le candidat de droite ensuite."
Pour Ségolène Royal, c'est le gouvernement, par l'échec de son action, qui est responsable de l'écho rencontré par la radicalisation du discours du FN. "Si le Front national est écouté aujourd'hui c'est parce que le pouvoir en place n'a pas tenu ses promesses", a déclaré dimanche sur Europe 1 la candidate à la primaire socialiste. "La responsabilité de l'impact des discours que vous venez d'évoquer, c'est Nicolas Sarkozy et son gouvernement qui la portent", a-t-elle ajouté. La popularité grandissante de Marine Le Pen résulte, selon Dominique Reynié, d'une évolution structurelle de la société française, devenue selon lui "plus âgée, plus craintive, plus conservatrice."
Arnaud Montebourg, autre candidat à la primaire socialiste, déplore pour sa part, en toile de fond du dernier coup d'éclat de la vice-présidente du FN, une montée des antagonismes religieux et du racisme dans l'Hexagone. "On s'est étripé pendant des siècles pour des questions religieuses et nous sommes en train de redécouvrir les guerres de religion sur notre territoire", a-t-il déclaré sur Radio J. "Le racisme s'installe dans notre pays, tout le monde le sait, à tous les étages", a-t-il ajouté.
Un article du Nouvel Observateur avec Reuters
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