En diffusant une série de quatre films courts co-réalisés par l'acteur mexicain Gael Garcia Bernal, Les Invisibles, Amnesty International souhaite alerter l'opinion mondiale sur les enlèvements, vols, sévices, viols dont sont chaque jour victimes les migrants originaires d'Amérique centrale qui souhaitent se rendre aux Etats-Unis en passant par le Mexique, où ont lieu une grande partie des agressions.
Venus du Honduras ou du Salvador, pays minés par la pauvreté et la violence, plusieurs milliers d'hommes et de femmes choisissent chaque année de quitter leur pays et leur famille pour rejoindre le Mexique ou, s'ils y parviennent, les Etats-Unis.
Suivant les routes à pied ou les voies de chemin de fer, s'accrochant aux toits des trains de marchandises, ils tombent en embuscade et se font dépouiller, agresser, torturer parfois jusqu'à la mort. La plupart du temps, les agresseurs cherchent à obtenir des rançons de la part des familles des migrants qu'ils kidnappent le long des routes. Seuls lieux de refuge : les auberges qui parsèment le chemin vers le Mexique puis vers les Etats-Unis, et qui accueillent les voyageurs le temps d'un repas ou d'une nuit.
Les viols sont courants : six femmes sur dix ferait l'objet de sévices sexuels sur le chemin, explique la seconde partie des Invisibles. Les risques encourus ne suffisent pourtant pas à décourager les femmes, qui ont parfois laissé leurs enfants au pays pour émigrer aux Etats-Unis.
Beaucoup de migrants perdent la vie en route. Impossible de savoir combien exactement. Et la plupart du temps, la personne est simplement déclarée disparue, faut de pouvoir retrouver ou identifier un corps. Quant aux cadavres anonymes, ils sont enterrés dans des fosses communes. L'incertitude est insupportable pour les familles des migrants.
Lorsque les migrants atteignent leur but, ils ont parfois la chance d'être pris en charge par des associations qui vont s'affairer à panser leur blessures physiques et psychologiques. Le Père Solalinde, créateur d'un refuge pour migrants dans l'Etat d'Oaxaca (sud du Mexique), fait ainsi partie de ces bons Samaritains qui voient en l'immigration "une opportunité, et non une menace".
Coupable par son laxisme, le Mexique a un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre les violences faites aux migrants, estime Amnesty International, qui avait publié en avril 2010 un rapport particulièrement alarmant sur la situation. En 2009, indique l'ONG, dix mille migrants ont été enlevés au Mexique en l'espace de six mois, et environ la moitié des victimes a déclaré que des fonctionnaires étaient impliqués, à des degrés divers, dans leur rapt.
Audrey Fournier dans le Monde
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