Israël se sent « envahi » de travailleurs africains illégaux. Pour tenter de désamorcer ce qui est perçu comme une « bombe démographique », des bulldozers ont entamé la construction d'une clôture électronique de sécurité le long des 250 km de la frontière avec l'Egypte.
C'est ce chemin qu'empruntent, à leurs risques et périls, guidés par des passeurs bédouins locaux grassement payés, les Soudanais, Erythréens ou Ivoiriens qui tentent de rejoindre ce qui leur apparaît de loin comme une terre promise où ils espèrent travailler et échapper à la misère.
Montée générale de l'intolérance
Leur nombre ne cesse de croître. Selon le ministère israélien de l'Intérieur, près de 11.000 d'entre eux sont parvenus à entrer clandestinement depuis le début de l'année, soit un bond de 300% par rapport à la même période de l'an dernier. Leur périple à travers des régions désertiques n'a évidemment rien d'un voyage d'agrément. L'Egypte constitue leur dernière mais aussi la plus périlleuse des étapes. Les policiers de ce pays tirent sans état d'âme. Depuis le début 2010, pas moins de trente Africains ont ainsi trouvé la mort près de la frontière.
Une fois en Israël, la plupart d'entre eux tentent sans succès d'obtenir un statut de réfugié politique qui les protègerait. Les autorités s'y refusent. Seules deux demandes sur 4.000 présentées récemment ont été acceptées. Résultat : ces Africains se retrouvent dans une situation de totale précarité. Leurs employeurs, qui les font travailler illégalement, en profitent pour leur refuser les droits sociaux minimaux. Et pour couronner le tout, ils sont de plus en plus en butte à l'hostilité des autorités mais aussi d'une partie de la population en raison notamment de leur concentration dans des quartiers ghettos notamment à Tel Aviv ou Eilat, la station balnéaire sur la Mer Rouge.
« Ce déluge doit être endigué », s'est exclamé Eli Yishai, ministre de l'Intérieur, en dénonçant les « belles âmes » qui défendent ces étrangers. Un député d'extrême droite Yaakov Katz parle de « cancer proliférant ». De leur côté, des rabbins de la région de Tel Aviv ont émis un édit religieux contre ceux qui louent des appartements à des immigrés clandestins. Les quelques rares associations qui s'occupent de cette population sans défense constatent elles aussi une montée générale de l'intolérance.
Benjamin Netanyahu, chef du gouvernement, est lui-même monté au créneau. Il a tenté dans un premier temps de convaincre, moyennant finances, les pays africains d'accepter le retour de leurs ressortissants. En vain. Du coup le Premier ministre a opté pour une clôture de sécurité, équipée de capteurs capables de déceler une présence humaine s'approchant de la frontière. Pour lui il s'agit de protéger l'Etat d'Israël contre le danger que feraient peser les clandestins sur le « caractère juif et démocratique » du pays.
Pascal Sadarnac, Jérusalem, dans les Dernières Nouvelles d'Alsace
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