samedi 2 octobre 2010

Aide aux Roms: de l’argent mais peu d’idées

Près de 20 millions de francs seront consacrés à l’intégration des communautés tziganes en Roumanie et en Bulgarie par la Confédération. Mais les projets restent à identifier.

La Suisse participera à l’effort européen d’intégration des Roms. Alors que la Commission européenne doit tenir à Bucarest, les 13 et 14 octobre, une conférence sur ce problème mis en relief par les rapatriements forcés opérés en France, la Confédération s’apprête à financer une série de projets d’aide aux populations tziganes en Roumanie et en Bulgarie. Lesquels devraient débuter à partir de 2011.

14 millions en Roumanie, 7 en Bulgarie

«Concernant la population rom, 14 millions de francs suisses sont prévus en Roumanie et 7 millions en Bulgarie, confirme Carole Wälti, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Plusieurs ONG suisses sont déjà en train d’élaborer des propositions, en étroite collaboration avec leurs partenaires roumains. Des institutions publiques et/ou privées locales pourront également soumettre des propositions.» Ces sommes allouées représentent environ 10% du total de l’aide suisse accordée à ces deux pays, confirmée le 7 septembre par la signature d’un accord à Berne: 181 millions de francs iront à la Roumanie, où vivent deux millions de Roms (22 millions d’habitants), et 76 millions à la Bulgarie, où les Tziganes sont estimés à 700 000 (pour 8 millions d’habitants).

Les autres pays d’Europe centrale et orientale où résident d’importantes communautés roms ne bénéficient pas, pour l’heure, de programmes spécifiques dans le cadre du «milliard» de francs d’aide à la cohésion alloué aux nouveaux pays membres de l’UE. En République tchèque, où la question est aiguë dans les ex-régions industrielles sinistrées de Moravie, aucun programme spécifique ne figure au budget d’aide helvétique. «Nous n’avons pas de projets destinés spécifiquement aux Roms», confirme Dominique Petter, de l’ambassade de Suisse à Prague. Mais il n’est pas à exclure que dans le cadre des budgets globaux alloués aux ONG tchèques, il y aura un projet pour les Roms. Idem en Hongrie où l’aide aux Roms, pour l’heure, se fait via les programmes de soutien à l’enfance dotés de 5 millions, et via un fonds spécial de 1 million de francs pour les étudiants défavorisés et marginalisés.

Pour l’instant, peu de projets sont en lice, souligne-t-on à Berne. L’un d’entre eux pourrait toutefois venir de la Fondation Hirondelle, opératrice de Radio Okapi en RD Congo. Celle-ci avait en vain, fin 2000, cherché des financements en Suisse et dans plusieurs pays de l’UE pour lancer une radio paneuropéenne destinée aux Roms, dans leurs langues. «Le Royaume-Uni était alors confronté à un afflux de Roms se souvient son directeur, Jean-Marie Etter. L’idée est à la fois que cette radio donne des informations servicielles, et qu’elle soit un lieu d’identité pour ces communautés.»

Réunion européenne

La Fondation Hirondelle va donc remettre la main à la pâte et présenter, sous peu, une nouvelle mouture à Berne comme à Bruxelles, puisque des coopérations accrues sont envisagées entre la Suisse et la Commission européenne – qui a débloqué pour les Roms 17,5 milliards d’euros pour la période 2007-2013 – ou des organisations privées comme la fondation Open Society de George Soros.

La Suisse participera aussi, le 20 octobre à Strasbourg, à la conférence ministérielle sur les Roms organisée par le Conseil de l’Europe (COE). Sur fond de constat pessimiste: «Nous manquons cruellement d’expériences d’intégration couronnées de succès, reconnaît le Commissaire aux droits de l’homme du COE, Thomas Hammarberg. La clef, c’est de s’assurer que cet argent va bien aux communautés roms, puis est correctement utilisé.»

Richard Werly dans le Temps

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