vendredi 10 septembre 2010

La misère pousse de jeunes Roms à se prostituer

Fin août, un Rom de 13 ans a été découvert en train de se prostituer dans les toilettes publiques de la gare, en compagnie d'un homme de 71 ans. Le retraité a été inculpé d'actes d'ordre sexuel avec un enfant, a indiqué mercredi la Tribune de Genève.

Le garçon, lui, demeure introuvable. Impossible encore de savoir si d'autres mineurs sont concernés, mais l'affaire marque la dégradation des conditions de vie de la population rom à Genève. Depuis près d'un an en effet, plusieurs cas de jeunes prostitués Roms ont été recensés. La «chasse» aux mendiants menée par le canton depuis 2008 serait liée à ce nouveau phénomène. Pourchassés lorsqu'ils demandent l'obole, ces migrants temporaires – ils ne restent jamais durablement sur le territoire – vont chercher de l'argent ailleurs. «En commettant de petits délits ou en se prostituant, ceci depuis le milieu de l'année 2009», déplore Dina Bazarbachi avocate et directrice de l'association Mesemrom. «A ma connaissance, une vingtaine de garçons roms âgés de 18 à 25 ans ont recours à la prostitution.» Le Groupe sida Genève (GSG) confirme l'apparition du phénomène, sans pouvoir en préciser l'ampleur. Mais les deux organisations n'avaient jamais eu vent de cas de mineurs. Sous l'impulsion de Mesemrom, un groupe de travail a été mis sur pied cette année avec le GSG et l'association de défense des travailleurs du sexe Aspasie. Collaboration qui a donné lieu à une action commune de prévention au début de l'été. Des assistants sociaux sont allés à la rencontre des jeunes hommes sur le terrain, dans un lieu de rencontre vers la gare. «Distribuer des brochures en roumain ne suffisait pas. La présence de médiateurs culturels de Mesemrom a donc été très précieuse», explique Deborah Glejser, porte-parole du GSG.
La prostitution n'est pas le seul effet pervers de la répression de la mendicité, selon Dina Bazarbachi. Les Roms sont contraints de rester plus longtemps à Genève. «La police saisit leur argent, et du coup ils n'ont pas les moyens de repartir. Avant, ils étaient de passage pour deux ou trois mois. Maintenant, il séjournent ici jusqu'à six mois. La situation des Roms à Genève est de plus en plus grave.»

Magali Floris dans le Courrier

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