Les représentants des gens du voyage en Suisse ont peur que la situation en France pousse des milliers de Roms à venir dans notre pays, où les aires de transit sont déjà rares.
«Lorsque les Roms quitteront les endroits dans lesquels ils auront passé l'hiver en France, plusieurs milliers d'entre eux pourraient se rendre en Suisse.» Ce cri d'alarme, c'est Daniel Huber qui le lance. Président de l'organisation faîtière des Yéniches de Suisse, il craint que la politique de Nicolas Sarkozy envers les Roms de France ne pousse ceux-là à se rabattre sur la Suisse et à occuper les rares emplacements disponibles. Il souhaite que la Confédération prenne des mesures en prêtant d'anciens sites militaires et en mettant en place des installations sanitaires et des bennes à ordures. Dans le cas contraire, il estime que pourrait survenir une situation de «chaos».
Surpopulation
En France, des gens du voyage français ont, dans certains cas, délaissé des emplacements parce que l'afflux de Roms venant de Roumanie et de Bulgarie avait créé une situation de surpopulation. «Il n'y a pas de tels cas en Suisse, réagit May Bittel, président de la mission tsigane suisse. Mais qui sait si cela ne pourrait pas se produire à l'avenir.» Le porte-parole des gens du voyage indique que «ce ne sont pas les Roms qui me font peur. Ce que je crains, c'est que si des Roms expulsés de France viennent en Suisse, le gouvernement ne les prenne comme prétexte pour interdire l'ouverture d'emplacements pour les gens du voyage suisses. Il y aura encore et toujours des amalgames et il sera toujours plus difficile pour nous de trouver des endroits pour nous installer.»
Et May Bittel de rappeler «que lorsqu'il s'est agi de détruire notre peuple durant 50 ans, notre existence a été reconnue. Mais aujourd'hui, au moment de nous aider à trouver des emplacements où nos enfants pourraient s'épanouir et aller à la rencontre de l'autre, plus personne ne nous reconnaît. Cela me reste en travers de la gorge.»
Roms sédentaires
Actuellement, aucun afflux de Roms chassés de France n'a été constaté à Genève, que ce soit par la police ou le corps des gardes-frontière. Tout comme l'Office fédéral de la culture, chargé d'améliorer les conditions de vie des gens du voyage, qui ne constate pas de problèmes. De son côté, Pierrette Roulet-Grin, présidente du Groupe de travail Gitans-Vaud, doute que des Roms expulsés ne viennent «piquer» des aires de transit aux gens du voyage suisses. «Les deux populations sont complètement différentes, explique-t-elle. Les premiers ont quitté la Roumanie ou la Bulgarie pour fuir la misère économique et sociale qu'ils connaissent dans leur pays d'origine, où ils sont sédentarisés. Ce ne sont pas des voyageurs.» Michaël Guet, chef de la division des Roms et des gens du voyage du Conseil de l'Europe, confirme cette analyse. «De nombreux Roms ont été expulsés de France. Il n'est pas exclu que certains d'entre eux se rendent en Suisse, mais la plupart retourneront en France.»
Prolongation de bail à Givisiez
Il en coûte 250 francs en frais et en amende si vous abandonnez une poubelle dans la forêt de Givisiez (FR). C'est dire si les déchets, en particulier les déjections, laissés un peu partout près du camp de Tsiganes installé depuis samedi dernier, choquent les habitants de cette banlieue de Fribourg. Ils ne cessent d'appeler le conseiller communal Didier Carrard. Et comme les gens du voyage ne sont pas partis hier comme prévu, le téléphone de l'élu local continuera de sonner.
Didier Carrard s'en explique au «Matin»: «Il y a eu une séance mercredi (ndlr: hier) et une prolongation de l'occupation des terrains par quelque 70 caravanes a été acceptée jusqu'à vendredi en accord avec le propriétaire, contre paiement d'une taxe. Nous n'avons pas enregistré d'autres problèmes à part celui de l'hygiène. Les employés et clients des entreprises voisines sont remontés. On a vu pire par le passé.»
Sébastien Jost dans le Matin
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