samedi 19 juin 2010

Des mentors pour les migrants

Mettre en relation un Suisse et un étranger exerçant le même métier afin de favoriser l’insertion professionnelle: une initiative pilote de l’Entraide Protestante.

Son métier d’informaticien, l’Ivoirien Aboubakar Touré l’a appris et pratiqué à Abidjan. Au bénéfice d’un permis B, cela fait huit ans qu’il cherche un poste en Suisse. Seulement voilà, ici, tout est différent: le marché du travail, les CV… «J’ai eu des entretiens pour des postes correspondant à mes qualifications, mais il n’y a jamais eu de suite.»

Grégoire Laufer, lui, est ingénieur à Lausanne. Depuis quelques semaines, les deux hommes se rencontrent tous les lundis afin de bétonner le dossier d’Aboubakar et de le mettre au fait des impératifs du marché suisse. «Je cherche un réseau pour m’intégrer dans le tissu économique. Grégoire m’a donné des informations très utiles; il m’a aidé à faire le point sur mes acquis et à organiser mes papiers.» «Je l’aide à identifier les cartes qu’il a ou n’a pas, détaille le mentor bénévole. Les élèves ingénieurs suisses ont déjà de la peine à s’intégrer dans le monde professionnel, alors un étranger ne doit pas laisser de place au hasard.»

C’est l’Entraide Protestante Suisse (EPER) qui a lancé ce programme pilote, baptisé Mentorat Emploi Migration (MEN), afin de permettre aux migrants de bénéficier de l’expérience et des conseils d’un professionnel de leur branche implanté dans le canton de Vaud ou de Genève. «Comme M. Touré, beaucoup ne peuvent pas faire valoir leurs compétences en Suisse, explique Anne-Claude Gerber, responsable du projet. L’idée, c’est surtout de remédier au problème du manque de contacts avec le milieu professionnel.»

Le programme est destiné aux migrants genevois et vaudois originaires d’un pays hors Union européenne. Condition: se débrouiller en français et être au bénéfice d’une formation ou d’une expérience professionnelle. Le mentor bénévole doit pour sa part suivre une miniformation d’une soirée. Avant de commencer leur collaboration, les deux parties signent un contrat d’une année au maximum.

Dentisterie et soudure

L’EPER a enregistré à ce jour une trentaine de demandes de professionnels originaires de Madagascar, de Mongolie ou encore de Turquie. Une dizaine d’entre eux ont déjà trouvé leur mentor. «Nous cherchons encore des volontaires dans des domaines tels que la soudure sur métal, l’architecture, la vente en textile, la dentisterie ou le transport maritime», annonce Anne-Claude Gerber.

M. N. / 24 Heures

La liste complète des postes à pourvoir est disponible sur www.mentoratemploimigration.ch L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés est présente aujourd’hui, de 14 h à 18 h, à Lausanne, sur la place de l’Europe. Elle participe à la manifestation Feel for Africa (concerts de 9 h 30 à 1 h 30), organisée par le Forum des étrangers à l’occasion de la Journée des réfugiés.

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