Courriers de lecteurs dans le quotidien 24 Heures à propos du voile islamique
Mais quelles leçons avons-nous à donner?
A Fribourg, une conseillère communale met les musulmanes qui portent le voile sur le même plan que les alcooliques impossibles à réinsérer dans la société. De la part d’une femme dont la grand-mère n’aurait sans doute pas osé sortir dans la rue sans un fichu ou un chapeau sur la tête — mais qui accepte probablement que les adolescentes se promènent le ventre à l’air! — ce manque de respect vis-à-vis d’une coutume nullement scandaleuse traduit un obscurantisme qui évoque les chasses aux sorcières de sinistre mémoire.
Quelles leçons avons-nous à donner alors que nous sommes les héritiers sinon les fidèles d’une religion dont l’attitude de ses dignitaires n’aura pas toujours été irréprochable hier comme aujourd’hui? Alors que nous qui assistons à la destruction de la planète menacée de toutes parts, ne devrions-nous pas exiger des politiciens qu’ils ne fabriquent pas de faux problèmes pour cacher les vrais?
Frank Böttger, La Sarraz
Le rôle de l’Etat n’est-il pas de lutter contre la discrimination?
Cette réduction de 15% des prestations sociales aux femmes musulmanes qui refusent de retirer leur foulard pour assurer la garde d’enfants après l’école est choquante.
N’est-ce pas le rôle de l’Etat de lutter contre la discrimination à l’embauche, qu’elle soit liée à l’appartenance ethnique, religieuse ou à un trait physique?
Le cas est d’autant plus choquant par l’utilisation du moyen de pression que représente la menace de restriction de l’aide à la subsistance.
Voilà où nous mène l’opportunisme de nombreux politiciens suisses, à l’image de M. Darbellay, s’engouffrant dans la brèche ouverte par l’UDC suite à la votation contre les minarets. Je pense qu’ils devraient mesurer les conséquences d’une montée de la discrimination contre les musulmans de Suisse. Sont-ils conscients qu’ils s’en prennent certes à une minorité, mais pas si minoritaire que ça: dans nos écoles, environ un tiers des enfants qui formeront la société de demain sont musulmans. Quel message leur envoie-t-on?
Par ces attaques constantes contre l’expression de l’islam, on marginalise des personnes parfaitement intégrées dans notre pays. Par un mécanisme de défense, leur revendication d’appartenance religieuse est exacerbée alors que celle-ci n’était qu’une des facettes constituant leur identité, être Suisse en étant une autre.
Chantal Nebri, Yverdon-les-Bains
L’interdire est un profond manque de respect
A propos de l’article intitulé «Le canton d’Argovie veut à son tour bannir le voile intégral» ( 24 heures du 5 mai 2010):
La question posée sur l’interdiction de la burqa en Suisse est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Parce que l’idée même d’un simple voile est trop facilement associée avec islamisme intégriste, à juste titre d’ailleurs par rapport aux événements et attentats terroristes vécus.
Or, autant je suis d’avis qu’il faut lutter par tous les moyens contre le terrorisme, autant faut-il respecter les femmes qui souhaitent conserver le port de la burqa. Et le leur interdire est simplement un profond manque de respect, voire du mépris à leur égard. Bien sûr qu’elles doivent aussi comprendre et admettre que leur voile et tout autre moyen de se cacher le visage n’est pas autorisé ici dans certains lieux publics et en particuliers lors de contacts et formalités auprès de nos administrations.
Alors comment diable concilier tout cela? Je n’en ai pas la moindre idée… Mais le chemin de l’interdiction pure et simple du port de la burqa n’est certainement pas le bon.
Stéphane Coeckelenbergh, Lausanne
Question de sécurité
Interdire la burqa n’est pas un acte anti-islamique puisque le Coran ne le demande aucunement, c’est aussi un problème de sécurité. En effet, n’importe quelle personne peut se cacher sous un tel costume.
Il faudrait aussi interdire le port de la cagoule lors de diverses manifestations car si les manifestants n’osent pas se montrer le visage découvert… qui peuvent-ils être? Ce n’est guère rassurant pour la population.
Alors si nous proposons une loi, allons jusqu’au bout et interdisons avec précision ce que nous voulons et cela pour notre sécurité.
En revanche, le port du voile découvrant le visage ne devrait pas nous indisposer, les sœurs catholiques le portent bien!
Denise Charbonney, Gland
On veut nous faire avaler tout et n’importe quoi
A propos de l’éditorial de Caroline Zuercher intitulé «Des musulmanes prises en otage par la burqa» ( 24 heures du 4 mai 2010):
En lisant cet éditorial publié en première page de 24 heures , j’ai eu le profond sentiment que — en tant que lectrice et abonnée — j’étais considérée comme une personne incapable de discernement, à qui on peut faire avaler tout et n’importe quoi.
En effet, d’après l’auteur, les femmes musulmanes bien dans leur tête — de préférence «couverte» (les autres n’étant pas concernées) — sont pour la plupart des «touristes». Mais quelques lignes plus loin, on peut lire «qu’elles en ont marre d’essuyer le regard des passants, des commentaires d’une institutrice ou du refus d’un employeur».
J’aimerais que l’on m’explique comment on peut à la fois être «touriste» et en même temps scolariser ses enfants et être en recherche d’emploi.
Avec de telles contradictions, «arrêtez de nous infantiliser» comme le conseille si bien Mme Zuercher. N’incitez pas le lectorat à aller s’informer et s’abonner ailleurs, auprès d’une presse qui le respecterait et qui ne se permettrait pas de raconter de telles inepties.
Jeannine Simon, Lausanne
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