jeudi 4 mars 2010

Le canton de Genève s’engage à former tous les jeunes

On attendait depuis des lustres les solutions du Conseil d'Etat genevois pour favoriser l'apprentissage des sans-papiers en entreprise (formation duale). Mais il empoigne le problème par un autre bout, en voulant multiplier les places dans les écoles professionnelles. Pas question d''autoriser l''engagement de jeunes clandestins dans des entreprises. Un article de Rachad Armanios dans le Courrier. 
«Le Conseil d'Etat s'engage à offrir une formation pour tous les jeunes, avec ou sans papiers», déclare le chef de l'Instruction publique (DIP), Charles Beer. Le socialiste explique que, dès la rentrée prochaine, le système de l'apprentissage en écoles professionnelles sera renforcé afin de ne laisser personne sur le carreau. En attendant de voir quelle suite sera donnée au succès d'hier des deux motions au National, le magistrat prévient: il ne soutient pas la Ville de Genève qui, après celle de Lausanne, se dit prête à engager des apprentis clandestins, comme l'a annoncé hier la conseillère administrative Sandrine Salerno à l'occasion du vernissage de l'exposition Aucun enfant n'est illégal à la Bibliothèque de la cité. Hier, à cette occasion, Charles Beer a aussi révélé que le gouvernement cantonal réactivera à Berne la demande de régularisation de cinq mille sans-papiers.
Le DIP a piloté un groupe de travail interne à l'administration pour explorer des solutions afin d'offrir des places d'apprentissage aux jeunes sans-papiers qui en sont privés, soit les plus en difficulté, qui n'ont pas les notes pour poursuivre au collège. Si l'apprentissage en entreprise leur est fermé, Genève se distingue en proposant le plus grand nombre de places d'apprentissage à plein temps dans sept écoles professionnelles. Mais les places et le nombre de filières restent insuffisants. Sans ou avec papiers, bien des jeunes se retrouvent sans projet d''avenir. Le gouvernement veut régler le problème sans les distinguer selon le statut.
Les options retenues par le DIP – et avalisées hier matin par le Conseil d'Etat – consistent à multiplier ces places et ces filières. En outre, le «pré-apprentissage» sera amélioré: la «voie de garage» qu'est le Service des classes d'accueil et de réinsertion (SCAI), au sortir de l'école obligatoire, sera remplacé par une année de transition dans les écoles professionnelles. Une année supplémentaire au SCAI pour perfectionner le français sera aussi possible. Enfin, la formation initiale en deux ans sera renforcée. Par ailleurs, Charles Beer a saisi hier la Conférence des directeurs de l'Instruction publique pour qu'elle se détermine sur la façon de garantir le droit à la formation pour tous. Enfin, Genève appuiera les demandes de permis humanitaires pour les élèves à l'école depuis plus de six ans.
Charles Beer a estimé que le Conseil d''Etat apportait des «réponses concrètes». «Même si, demain, la voie de l'apprentissage dual s'ouvre, cela ne signifiera pas que les mineurs sans papiers trouveront une place. A Genève, l'entrée en apprentissage s'effectue en moyenne à 18 ans.»
Le combat pour l'accès à tous à l''apprentissage dual est juste, souligne Charles Beer. Mais, à la Ville qui voudrait engager des sans-papiers, il rétorque: «Le Conseil d''Etat est garant de l''application du système légal.»
Brigitte Schneider Bidaux, du Collectif de soutien aux sans-papiers, salue le renforcement des écoles professionnelles et se veut optimiste: «Je pense que le Conseil d''Etat saisira les occasions pour explorer les voies en faveur de l'accès à l'apprentissage dual. La Ville doit poursuivre dans son rôle d'aiguillon.» Inscrivant ce combat dans celui pour la régularisation des clandestins, elle s'est réjouie de la réactivation de la demande de régularisation de cinq mille clandestins, «en stand-by depuis 2004».

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