mardi 3 novembre 2009

Musulmans de Suisse. "Nous ne sommes pas ceux que vous croyez"


ENQUÊTE. Croyantes ou non, issues du monde entier, les personnes de culture musulmane subissent en silence une initiative qui les cible bien plus que des minarets qu’ils n’ont jamais demandés. «L’Hebdo» est allé à leur rencontre.

Amal Mbarki, Danoise de 30 ans établie à Genève, où elle travaille dans le Private Banking, offre un autre visage de l’islam en Occident que la phobie projetée par les affiches antiminarets. «Je suis née et j’ai grandi au Danemark où mes parents ont été parmi les premiers Marocains à s’établir. Très minoritaires, ils s’y sont intégrés dans la durée.»
Amal Mbarki est croyante et pratiquante, mais, comme beaucoup de musulmanes en Suisse, elle ne porte pas le voile, ni aucun signe religieux distinctif. Pour cette Européenne de passeport, «la foi est une affaire privée». La jeune femme, qui parle quatre langues, vit en Suisse depuis six ans. «Je peux dire que je n’y ai jamais eu de problème et que je me sens plus à la maison ici qu’au Danemark où le racisme est plus fort.»
On se rappelle l’affaire des caricatures de Mahomet à l’automne 2005 qui avait enflammé le monde arabomusulman. «Comme musulmane, je ne peux pas soutenir ces dessins, bien sûr, mais comme Danoise, je peux les comprendre. Car, au Danemark, la majorité des gens sont athées et comprennent mal les valeurs religieuses.» Amal Mbarki a pu penser que la Suisse, plus habituée à la mixité, échappait à ce genre de polémique. Comme la plupart des musulmans qui, tous, se montrent surpris, rattrapés par l’initiative antiminarets qui impose un débat violent sur la compatibilité des valeurs.

Ras-le-bol. A en croire un sondage paru le 8 octobre dans le Tages-Anzeiger, une part importante des citoyens suisses expriment aujourd’hui une méfiance, sinon un ras-le-bol, face à l’islam, souvent confondu avec quelques faits divers sur les caprices des mouvances les plus radicales qui sont aussi les plus minoritaires. Selon ce sondage, 70% des personnes interrogées disent «non» à des enseignantes voilées, 63% refusent la dispense de piscine aux écolières pour motifs religieux, 58% souhaitent que le port de la burka soit interdit et 61% ne veulent pas entendre parler d’un possible droit d’héritage fondé sur la charia.

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