Oskar Freysinger a débattu hier devant plus de 80 millions de téléspectateurs arabes. Extraits d'un débat tendu...
Textes: Viviane Menétrey et Fabian Muhieddine - le 08 décembre 2009, 23h19
Le Matin
«Vous avez ouvert les portes de l'enfer pour les musulmans en Europe.» L'accusation contre Oskar Freysinger émane du présentateur Faisal al-Qassem de l'émission phare d'Al-Jazira. Le ton est donné.
Oskar Freysinger participait hier soir à 20 heures à un débat en direct avec Azzam Tamimi, l'«apôtre» des attentats suicide. Tout était réuni pour que l'élu UDC dérape sur la chaîne arabe d'informations en continu autour du thème le plus chaud du moment: la montée de l'islamophobie en Europe. C'est donc toute la Suisse qui risquait de pâtir de la colère de plus de 80 millions de téléspectateurs arabes qui suivent régulièrement cette émission. L'ambiance était d'autant plus tendue que des manifestations avaient lieu hier devant plusieurs ambassades helvétiques dans le monde arabe.
Toute la Suisse retenait donc son souffle. Même Micheline Calmy-Rey se faisait du souci. Elle l'a confié hier à «Forum» sur les ondes de la RSR. Oskar Freysinger est arrivé dans les studios du duplex à Berne «briefé» par ses collègues parlementaires - tous bords confondus: «Fais attention, ce soir tu représentes la Suisse.»
Le Valaisan n'avait pas l'intention de se démonter. Et la seule fois où il a paru surpris, c'est lors de l'intervention inattendue d'Ueli Leuenberger, le président des Verts suisses, qui par téléphone s'est mis à expliquer qu'il existe des Suisses qui n'ont rien contre les musulmans: «Un recours à la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg est possible.» Aucune réaction chez Oskar Freysinger: «Ce soir, pour la première fois, on me verra refuser le combat si Azzem Tamimi va trop loin», annonçait-il avant le direct. Face aux attaques répétées de son contradicteur arabe qui n'a eu de cesse de traiter l'UDC de néonazi et de comploteur sioniste, Oskar Freysinger a donc gardé son sang-froid. «Je suis profondément blessé. Votre vision du monde est différente, mais vous êtes un être humain comme moi et on doit respecter son adversaire», s'est-il contenté de rétorquer. A la sortie de l'émission, le Valaisan avouera: «J'ai dû me retenir de lui répondre violemment.» Au final, ce ne sont pas les éventuels dérapages d'Oskar Freysinger qui se sont révélé dangereux, mais la tribune offerte au fondamentalisme d'Azzam Tamimi.
Azzam Tamimi
«Le peuple suisse est inculte»
Démocratie en Suisse
«Comment peut-on voter sur un droit fondamental et constitutionnel comme la liberté de religion?»
«Il y a un certain nombre de choses sur lesquelles on ne peut pas voter.»
«C'est comme si les Suisses avaient voté contre l'existence de la communauté noire en Suisse.»
«La démocratie n'est pas là pour changer les lois fondamentales selon le gré du peuple.»
«Il faut distinguer les élites suisses et le peuple, qui est inculte.»
«J'ai un message pour les Suisses: vous devez vous réveiller. Vous avez un beau pays, accueillant, qui représente la liberté. N'entachez pas sa réputation.»
L'islam en Europe
«Les femmes européennes ont une vie misérable. Elles travaillent du matin au soir, regardent la télé quand elles rentrent. L'islam va les libérer, donner un sens acceptable à leur vie.»
«L'Europe doit accepter la démocratie avec tout ce que cela comporte. Y compris que des réfugiés musulmans aient envie de pratiquer leur foi.»
«Vous me faites rire avec la charia: elle n'est pas appliquée dans 80% des pays islamiques. Les craintes de l'Europe face à l'islam sont fausses.»
Attaques: Hitler et complot sioniste
«Vous êtes comparable à Hitler. Lui aussi a commencé par s'attaquer à des faits mineurs avant de détruire des communautés entières.»
«Vous faites partie d'un mouvement qui veut détruire l'islam en Europe. Or il n'y a pas d'action coordonnée des musulmans pour islamiser l'Europe. Tout ce que nous voulons, c'est bénéficier de la démocratie avec les mêmes droits que vous.
Mais nos enfants n'ont pas beaucoup de droits...»
«Oskar Freysinger est lié aux mouvements sionistes qui veulent combattre et remettre en cause l'Etat palestinien.»
Oskar Freysinger
«Je ne suis pas là pour faire la leçon»
Démocratie en Suisse
«Nous avons débattu pendant des mois et mon parti a gagné. Chez nous, le peuple est souverain, c'est la loi.»
«La démocratie suisse pourrait être un exemple pour les dictatures du monde arabe.»
L'islam en Suisse
«Nous n'empêchons personne de pratiquer sa religion. Mais nous avons un problème avec certains aspects juridiques de l'islam.»
«Nous devons mettre des limites à certaines pratiques religieuses: l'abattage rituel ou l'immolation par le feu chez les hindous sont interdits. Le minaret n'est qu'une interdiction parmi d'autres.»
«S'intégrer veut dire accepter les lois du pays d'accueil. Moi, par exemple, j'enlève mes souliers à la mosquée.»
L'islam en général
«Il n'est pas dans la culture de l'Arabie saoudite de laisser construire des églises, nous ne le demandons pas d'ailleurs. Et aucune manifestation n'a eu lieu en Suisse à ce sujet.»
«L'islam n'a pas assez évolué ces 200 dernières années. Certains sujets ne peuvent pas être abordés.»
«Je ne suis pas là pour faire la leçon au monde musulman.»
«Le droit et la pensée musulmane sont difficilement compatibles avec notre Etat de droit. Par exemple, les mariages forcés, la charia, l'inégalité entre homme et femme.»
Réponses aux attaques
«La Suisse a résisté à la force de l'Axe. Nous sommes un pays libre depuis 700 ans. Pour nous, voter, c'est normal: nous le faisons quatre fois par année.»
«Cela fait plusieurs fois que monsieur Tamimi me blesse, il me compare à la pire bête de l'histoire. Je rappelle que le Grand Mufti de Jérusalem était au début l'allié de Hitler face aux Juifs.»
«Monsieur Tamimi, vous incarnez la vision de l'islam avec laquelle nous sommes en conflit.»
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