lundi 5 octobre 2009

Minarets: le malaise derrière le «oui» de l’UDC


Affiches du Comité d’Egerkingen. Sur les seize membres du comité, quatorze sont UDC et deux de l’Union démocratique fédérale. L’UDC insiste bien pour dire qu’elle n’est pas à l’origine de l’initiative. (Keystone)

Affiches du Comité d’Egerkingen. Sur les seize membres du comité, quatorze sont UDC et deux de l’Union démocratique fédérale. L’UDC insiste bien pour dire qu’elle n’est pas à l’origine de l’initiative. (Keystone)

Le parti ne versera pas un seul centime dans la campagne menée par le Comité d’Egerkingen pour interdire la construction de minarets

Un résultat qui ne fait pas l’ombre d’un doute. Voilà la première réaction qui vient à l’esprit en analysant le vote des délégués de l’UDC. Réunis en assemblée samedi à Genève, à quelques encablures de l’unique minaret de Suisse romande, ils ont dit oui à l’initiative anti-minarets par 288 voix contre 3 et 3 abstentions. Mais en y regardant de plus près, cette apparente unanimité présente quelques lézardes. Dans les faits, même la direction du parti est partagée.

Le président Toni Brunner n’a pas dit le moindre mot sur les minarets dans son discours. Il a préféré s’adonner à son jeu préféré: égratigner la ministre des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey. Christoph Blocher, absent au moment du vote, ne cache pas qu’il n’est pas favorable au texte lancé par une poignée d’UDF et d’UDC. Quant à Yvan Perrin, également vice-président, il a voté pour, mais sans grand enthousiasme. «Je ne mènerai pas campagne activement. Je rappelle que l’UDC n’a pas lancé l’initiative. Elle n’est pas non plus responsable des affiches», précise-t-il illico. Il confirme que son parti ne versera pas un centime dans la campagne en vue du 29 novembre. Le décor est planté.

«Comme une corde raide»

Le conseiller national Yves Nidegger (GE) fait partie de ceux qui se sont abstenus. Pour lui, l’initiative a le mérite de lancer un débat, «nécessaire», sur les valeurs de l’islam et sur la place des musulmans en Suisse, mais elle le fait de façon inappropriée. «La minorité musulmane doit en revanche être surveillée. Tout ce qui est petit est chou, même un bébé crocodile. C’est en grandissant que cela peut devenir dangereux», dit-il. «Je me sens écartelé comme un condamné à mort au Moyen Age», avoue de son côté Jean-Pierre Graber (BE). Oui, l’interdiction des minarets peut nuire à la paix religieuse, pense-t-il. Il n’est en revanche pas d’accord quand le Conseil fédéral parle également d’atteinte à la liberté religieuse: «Les musulmans n’ont pas besoin de minarets pour exercer leur foi.»

Invité comme contradicteur, Jacques Neirynck (PDC/VD) a bien senti ce malaise. «Pour l’UDC, il faut soutenir l’initiative, mais comme une corde raide soutient le pendu, pour l’étrangler à petit feu. C’est une partie de poker politique», a-t-il déclaré à la tribune. En clair: le démocrate-chrétien affirme que l’UDC doit soutenir l’initiative pour gagner des électeurs en fédérant les citoyens opposés à l’islam, «mais pas au point qu’elle réussisse, car elle jouerait alors à fins contraires».

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