vendredi 25 septembre 2009

La mosquée condamnée pour licenciement abusif

La mosquée condamnée pour licenciement abusif

Paru le Vendredi 25 Septembre 2009
PHILIPPE BACH

GenèvePRUD'HOMMES - La crise au sein de la Mosquée du Grand-Saconnex rebondit devant la justice. Un arrêt donne raison à l'un des quatre licenciés.
Il s'agit d'un licenciement abusif. La juridiction des Prud'hommes, saisie d'un des quatre cas de licenciement d'employé à la Fondation culturelle islamique – la Mosquée de Genève –, a condamné cette institution religieuse au maximum de la peine prévue en la matière. Soit l'équivalent de six mois de salaire.
Ce sont quelque 42 000 francs qui devront être versés à cet enseignant qui travaillait depuis vingt ans pour la Mosquée du Grand-Saconnex et qui avait été brutalement mis à la porte en mars 2007. Les trois autres personnes licenciées de la même manière n'ont pas pu faire examiner leur dossier par les Prud'hommes. «A l'époque, explique Jean-Bernard Weber, avocat du quatrième employé, des négociations étaient en cours et elles espéraient encore une réintégration.» «Elles ont malheureusement laissé échoir le délai légal pour saisir la justice.» Dans le cas tranché par les Prud'hommes, le travailleur a eu droit à une prolongation du délai car il était en arrêt maladie. Le jugement délivré par l'instance de droit est sévère pour la Mosquée. Il conclut au licenciement abusif, ne retenant pas le motif invoqué par l'employeur, à savoir des difficultés économiques qui auraient rendu cette décision inéluctable. Plusieurs témoins sont venus expliquer devant la Cour que l'institution avait au contraire bénéficié de rentrées substantielles d'argent. Et la Mosquée n'a pas présenté, comme elle l'avait promis, les comptes de pertes et profits.
Autre aspect jugé aggravant par l'instance de droit, «plusieurs témoins ont confirmé qu'un dossier a été monté de toutes pièces contre le demandeur et trois de ses collègues [...], il s'en était suivi des rumeurs selon lesquelles les licenciements auraient été prononcés en raison d'actes déloyaux.» Enfin, la manière dont a il été procédé à ce licenciement est également critiquée par les Prud'hommes: les serrures ont été changées durant la nuit avant même que l'enseignant ne soit informé de son licenciement.
Nous avons cherché à obtenir une réaction de la part de la Fondation culturelle islamique. A l'heure où nous mettions sous presse, elle ne nous était pas parvenue, ni par oral ni par écrit. L'affaire n'est pas close. En effet, une deuxième série de plaintes vont être déposées devant les Prud'hommes concernant le paiement de certains arriérés de salaires. Et ce pour trois des quatre employés. L'un des salariés licenciés s'est en effet entre-temps retiré des procédures et a été réengagé par la Mosquée. La procédure va très probablement prendre une tournure pénale, certains des plaignants estimant que leur honneur a été atteint, comme le relève Hafid Ouardiri, l'un des quatre licenciés. «On n'arrête pas de nous diffamer, Youssef Ibram (l'imam de la Mosquée, ndlr), lorsqu'il est interpellé au sujet de notre affaire répond 'que voulez-vous qu'on fasse, ils ont préféré se remettre à la justice des infidèles, plutôt qu'à celle de Dieu'». Enfin, il est question de porter la procédure devant une Cour en Arabie saoudite, qui contrôle la Mosquée du Grand-Saconnex.

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