La presse britannique est unanime à considérer que le démantèlement de la "jungle" de Calais ne règlera pas le problème des clandestins, mais se contente de le déplacer ; elle s'accorde à considérer que la solution à ce problème ne peut être trouvée qu'à l'échelle du continent européen.
Passer la "jungle" au bulldozer n'empêchera pas les immigrés de venir en Grande Bretagne titre leDaily Telegraph (conservateur) qui rappelle que les sans papiers sont attirés par la Grande Bretagne parce qu'on y trouve plus facilement du travail.
Pour l'éditorialiste Philip Johnston, le pire reste à venir. La plupart des candidats à l'entrée en Grande Bretagne sont des émigrés économiques et non des réfugiés politiques, même quand ils viennent de pays notoirement instables comme l'Afghanistan ou l'Irak. L'étendue des frontières externes de l'Union, de la Finlande à la Grèce, et la conjugaison de raisons (les dérèglements climatiques, les guerres, la pression démographique) ne peut qu'encourager de nouveaux départs. Philip Johnston précise, que contrairement à ce que croient de nombreux britanniques, leur pays est moins touché par l'émigration que d'autres pays européens, grâce à son insularité. Pour lui, une des solutions pourrait être le rétablissement des frontières intérieures entre pays européens. Il faudrait aussi délocaliser à l'extérieur des frontières de l'Union le système de demande d'asile, et établir des quotas d'accueil pour chaque pays européen.
Pour leGuardian (centre gauche), "agissons maintenant, réfléchissons plus tard" est devenu la règle chez nos dirigeants. Le quotidien rappelle que le centre de Sangatte, fermé en 2002, avait justement été créé parce que Calais ne savait plus que faire des sans-abris. Le Guardian, qui précise que Londres a encouragé la France à fermer la "jungle" -et s'est félicité de l'opération- considère que le problème de l'immigration doit être traité à l'échelle européenne, afin de mieux répartir cette charge. Les hommes politiques doivent privilégier la diplomatie par rapport à l'action tapageuse. L'opération de mardi à Calais prouve que pour nos dirigeants, ce qui compte, c'est faire étalage de son action, quelques qu'en soient les conséquences.
l'éditorialiste Alan Travis remet en question l'idée que la Grande-Bretagne a ses portes grandes ouvertes et agit ainsi comme aimant de l'immigration ; si c'était le cas, c'est des centaines de milliers et non quelques centaines de malheureux qui patienteraient de l'autre côté de la Manche. Le journaliste remet également en perspective les chiffres de Calais : la France et l'Italie ont traité plus de demandes d'asile que la Grande-Bretagne : 31 200 contre 30 500 au Royaume Uni -loin du pic de demandeurs en 2002, 103 000-. Il rappelle qu'il y a eu plus de 10 millions de réfugiés et 200 millions de migrants l'an passé au niveau mondial; et que le plus grand camp de réfugiés compte 28 000 personnes et non quelques centaines : il est situé à Dadaab, au Kenya.
Pour l'Independent (libéral), les gouvernements doivent cesser de penser qu'il est en leur pouvoir de régler les flux migratoires. Les habitants des pays pauvres seront toujours prêts à prendre des risques pour échapper à la misère où à la persécution. L'objectif de nos gouvernements devrait être d'accompagner le plus humainement possible ce phénomène. Le journal rappelle que la Suède, qui préside l'Union européenne, a l'intention de mettre l'immigration à l'ordre du jour du prochain sommet européen. Elle pourrait proposer de répartir les centre d'accueil et de traitement des demandes d'asile, afin de réduire la pression là où elle est la plus forte, dans les pays du sud de l'Europe
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