jeudi 24 septembre 2009

Après la jungle, que vont devenir les migrants ?


NOUVELOBS.COM | 23.09.2009 | 17:35

Après l'arrestation de 276 personnes lors du démantèlement de la "jungle" de Calais, l'association France Terre d'asile réclame une solution européenne pour que cessent d'inutiles "gesticulations nationales".

Après le démantèlement de la "jungle", un migrant dans le port de Calais (AFP)

Après le démantèlement de la "jungle", un migrant dans le port de Calais (AFP)

Vidée mardi de ses occupants par quelque 500 policiers, la "jungle" de Calais n'est plus qu'un terrain vague. Que vont devenir les migrants arrêtés ? Nouvelobs.com a enquêté.
L'opération a donné lieu à l'arrestation de 276 personnes alors que le camp en abritait encore plus de 800 en juin dernier. Mercredi 23 septembre, 21 des 135 majeurs interpellés étaient libérés, dont 17 "car ils étaient en situation régulière" comme l'a précisé la préfecture. Les quatre autres sont atteints de la gale et doivent être soignés.
Les 130 migrants majeurs toujours détenus devaient être transférés vers des centres de rétention situés dans le sud de la France, a indiqué la préfecture du Pas-de-Calais. "Vers 10H30 ce matin, la totalité d'entre eux étaient en cours de transfert en bus vers plusieurs centres de rétention situés dans le sud de la France, où ils devaient ensuite être répartis en fonction des places disponibles", a indiqué une porte-parole de la préfecture.
France Terre d'Asile explique à nouvelobs.com que le ministère de l'Immigration distingue trois catégories parmi les 255 migrants afghans qui restent interpellés : les mineurs, les demandeurs d'asile et les illégaux. Les 111 mineurs ont été placés dans des centres spécialisés du Pas-de-Calais et des départements voisins. Ils vont dépendre de l'aide sociale à l'enfance selon le dispositif de droit commun jusqu'à leur majorité. A ce stade, leur régularisation dépendra de leur niveau d'intégration, c'est-à-dire de l'âge de leur arrivée en France, de leur parcours scolaire et de leurs projets professionnels.

Un dossier délicat pour le ministère


Pour les autres, le ministère de l'Immigration étudie trois possibilités au cas par cas : la demande d'asile, le retour volontaire et la reconduite aux frontières. Au ministère de l'Immigration, on indique que chaque cas est étudiéindividuellement. On affirme pourtant que certains des migrants afghans interpellés ont déjà accepté un retour volontaire. Ceux qui refuseront ce retour volontaire vers un pays en guerre et se trouvent en situation irrégulière seront placés en centre de rétention. Au ministère, on reconnait que le dossier est délicat et ne peut fournir aucun chiffre pour le moment, puisque les rencontres sont en cours. En ce qui concerne les mineurs, le ministère précise que tous ne sont pas isolés et que certains ont de la famille sur le territoire. On confirme que ces mineurs sont pour le moment placés dans des foyers spécialisés.

Inutiles gesticulations nationales


Pierre Henry, directeur de France Terre d'asile est reçu cet après midi au ministère de l'Immigration. Concernant le démantèlement de la jungle, l'association explique qu'"on ne peut pas militer pour un terrain vague comme lieu d'hébergement." Pierre Henry réclame la mise en place d'une chaîne cohérente et défend le besoin de protection des personnes, et leur accès réel à la demande d'asile. La protection des mineurs doit aussi être assuré et un système d'hébergement digne organisé. Un "point d'asile" a déjà été mis en place à la préfecture de Calais.
Pour Pierre Henry, le gros problème réside dans la convention de Dublin qui aboutit à "l'assurance de la nomadisation des réfugiés en Europe", renvoyant les migrants vers le pays d'arrivée dans l'union, la Grèce notamment. Et surtout, une convocation "Dublin" ne donne accès à aucun droit social : "l'impensée politique à l'échelle européenne développe une nomadisation à l'échelle européenne."
France Terre d'asile préconise une réponse équilibrée à l'échelle de l'union. Pierre Henry rappelle que l'Europe a déjà été capable de prendre des résolutions comme elle l'a montré il y a une dizaine d'année avec les Balkans en mettant en place une mesure de protection temporaire.
Cette "directive protection temporaire" de 2001 devrait être appliquée aujourd'hui pour les Afghans. "Les textes de l'Union existent déjà !" Renouvelable tous les six mois, la protection temporaire peut s'étendre sur trois ans et a le mérite de permettre le droit de séjour avec le droit au travail et à la protection sociale. "Je ne vois pas d'autre solution" déclare Pierre Henry, "les gesticulations nationales ne servent à rien, il faut une solution européenne". Et de conclure : "Il faut que cesse le jeu de la patate chaude auquel se livrent la plupart des pays européens."

(Louis Morice - Nouvelobs.com)

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