jeudi 24 septembre 2009

Al Zaïdi en Suisse: c'est pas gagné..

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Le journaliste irakien aimerait vivre chez nous. Mais son statut de héros ne lui ouvre pas les frontières

Vincent Donzé - le 23 septembre 2009, 22h09
Le Matin


«J'ai vraiment envie de venir en Suisse», a déclaré le lanceur de chaussures irakien Mountazer al-Zaïdi, célèbre pour avoir visé George W. Bush en décembre 2008. Mais, pour devenir réalité, ce désir exprimé dans une interview à la TSR («Le Matin» de mardi) passe par la loi sur l'asile. Voici comment il devrait procéder.

Où doit-il adresser sa demande?

La Suisse possède une ambassade à Damas (Syrie), mais Mountazer al-Zaïdi peut aussi se rendre à la Masbah House de Bagdad, où il trouvera un office de liaison. Sa demande sera envoyée à l'Office fédéral des migrations (ODM), habilité à délivrer une autorisation d'entrée. Si c'est oui, il sera dirigé vers un centre d'enregistrement, à Vallorbe, Bâle, Kreuzlingen ou Chiasso. Après 60?jours au maximum, il sera affecté à un canton jusqu'à la fin de la procédure.

Peut-il bénéficier d'un traitement de faveur?

«Les bases légales sont les mêmes pour tout le monde», prévient Marie Avet, porte-parole de l'ODM. Opposé au refoulement des requérants irakiens, le conseiller national Andy Tschümperlin (PS/SZ) ne conteste pas cette égalité de traitement: «Célèbre ou pas, il doit suivre la procédure.» Personne ne peut la faciliter ou l'accélérer, pas même un conseiller national. Quant au Conseil fédéral, il peut ouvrir les frontières à un contingent, mais pas à un individu.

Sa célébrité peut-elle le protéger?

La célébrité n'a pas protégé le requérant d'asile irakien Fahad K., héros du film suisse «La forteresse». Malgré une forte mobilisation, il n'a pas échappé à son expulsion vers la Suède. «Le cas de Fahad devrait servir de leçon à ceux qui voudraient se soustraire au renvoi», avait dit le directeur de l'ODM.

Quel motif doit-il invoquer?

Le journaliste a dénoncé les tortures subies la nuit suivant son arrestation. Mais «un mauvais traitement déjà subi ne donne pas droit à l'asile», indique Susanne Bolz, porte-parole de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés. La loi ne protège que ceux qui «sont exposés à de sérieux préjudice ou craignent à juste titre de l'être en raison de leur religion, de leur nationalité ou de leur appartenance à un groupe social déterminé ou de leurs opinions politiques». Pas la peine de citer la neutralité suisse en exemple, comme il l'a fait sur la TSR...

Quelles sont ses chances d'obtenir l'asile?

«Nous savons que les journalistes sont menacés en Irak, même ceux qui n'ont pas lancé de chaussures», rapporte Susanne Bolz. L'an dernier, 164?ressortissants irakiens ont obtenu le statut de réfugié. Ce n'est que 22% des requérants, mais les autres ont souvent bénéficié d'une admission provisoire. Ne sont renvoyés que les requérants provenant des trois provinces du Nord, contrôlées par le gouvernement régional kurde.

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