La tension monte dans le plus gros campement de migrants à Calais, surnommé «la jungle», désormais géré par l'ethnie afghane pachtoune, alors que les possibilités de passage en Angleterre sont drastiquement réduites.
«Une seule personne passe de l'autre côté par semaine, c'est difficile et la police est un gros problème», déplore Malek, 12ans, dans un anglais très approximatif. Il vient d'une petite ville d'Afghanistan, près de Jalalabad avec son cousin Mohammed, 15ans. Arrivés clandestinement à Calais pour passer en Grande-Bretagne, leurs espoirs ont été douchés quand on leur a dit «qu'il faut aujourd'hui près de six mois de tentatives pour passer la Manche contre à peine un mois, il y a un an».
Destruction annoncée par Eric Besson
Tous deux vivent, depuis un mois, dans «la jungle», un campement de tôles et de bâches, dans un bois de la zone industrielle de Calais. Ils viennent de se faire soigner d'une épidémie de gale qui a touché près de 200 migrants. A l'entrée, près d'une fontaine installée récemment, ils surveillent les allées et venues de ceux qui défilent pour remplir bouteilles et jerricans. Tous craignent la destruction des campements d'immigrants du Calaisis, annoncée par le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, d'ici la fin de l'année.
Rêve d'une vie grandiose en Grande-Bretagne
Rencontré lors d'une visite inopinée aux douches du Secours catholique, réquisitionnées il y a deux semaines, le préfet du Pas-de-Calais, Pierre de Bousquet de Florian, explique qu'il veut «mettre fin au problème des migrants à Calais en cassant les filières et en essayant d'ouvrir les yeux à ces garçons qui s'imaginent avoir une vie grandiose en Grande-Bretagne». «On travaille à rendre la frontière étanche et, en même temps, nous avons une politique de traitement administratif par ouverture du droit d'asile, retour volontaire et par des renvois contraints», indique-t-il.
«Racket permanent et cour des miracles»
«La jungle ce sont des camps retranchés ethniques (..), syndiqués par des passeurs qui sont des voyous. Selon lui, «là-bas, c'est un racket permanent, une sorte de cour des miracles». A Calais même, il y a ainsi le camp des Palestiniens et des Égyptiens, le squatt des Érythréens.... Jean-Louis Tiesset, patron d'un café à deux pas de la «jungle» pachtoune, est au diapason du préfet. Selon lui, les migrants «deviennent de plus en plus agressifs» et il voit avant tout «un trafic d'êtres humains». De son côté, Sylvie Copyans, de l'association Salam (Soutenons, aidons, luttons, agissons pour les migrants) confirme le «découragement» des migrants devant les difficultés de passage. «Raser la jungle ne servira absolument à rien, c'est ridicule, ils reviendront. Une fois le camp rasé, que feront-ils, mettre un mirador avec des chiens?», s'emporte-t-elle.
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