ATS | 30.06.2009 | 17:45
Les travaux d’utilité publique, un tremplin pour l’intégration en Suisse
A Payerne, trois requérants d’asile partagent leur quotidien avec les employés de la voirie et apportent une aide concrète à la collectivité. Un an après le lancement du projet, le bilan est positif autant pour la commune que pour les migrants.
"Avant, on me demandait juste de ramasser. Maintenant, j’apprends aussi à couper", se réjouit Cabdullahi Axmed Maxamed en maniant le râteau pour évacuer les restes d’une haie de charmilles près du Gymnase inter-cantonal de Payerne. Ce père de famille somalien, menuisier de formation et logé par l’EVAM à Yverdon, prend le train deux fois par semaine pour rejoindre le nord de la Broye avant 7 heures du matin. Il revêt alors la tenue orange des employés de la voirie, qu’il secondera jusqu’à 17 heures dans l’entretien des espaces verts. "C’est un bosseur, il ne s’est jamais plaint", assure Fabien Rossel, responsable des parcs et promenades.
Trois requérants d’asile sont ainsi engagés à Payerne pour des travaux d’utilité publique. Comme dans d’autres programmes d’occupation organisés par l’EVAM, ils doivent fournir 20 heures de travail par semaine contre une indemnité de 300 francs qui s’ajoute à leur assistance. Ce faible coût pour la commune n’en fait pas pour autant des auxiliaires de seconde zone : "J’ai vu des Suisses beaucoup plus lents que Maxa", poursuit le responsable des parcs et promenades.
Bientôt un CDD
Un autre participant, originaire de Serbie, suit en parallèle une formation en agronomie et connaît le nom latin de chaque plante, occasion d’échanges passionnés avec Fabien Rossel. Le troisième, un Angolais, travaille avec l’équipe de concierges chargés du nettoyage des zones publiques et bâtiments officiels : après une année de programme d’occupation, il sera engagé par la commune en contrat à durée déterminée pour un remplacement de quelques mois.
Un programme d’occupation atteint précisément ses objectifs quand il aboutit à un véritable emploi ou amorce une nouvelle étape dans le processus d’intégration : "Il faut qu’il y ait des débouchés, ça ne doit pas être de l’exploitation bon marché", souligne Kathrin Dobler, conseillère à la Cellule d’orientation de l’EVAM. Dans le cas du participant somalien, l’expérience à Payerne est une occasion de pratiquer le français, ce qui le motive maintenant à reprendre des cours pour se perfectionner : "J’en ai besoin, c’est important pour moi", assure-t-il.
Les regards ont changé...
"Il a fait beaucoup de progrès", constate pour sa part Mouldi Epars Ben Fadhila. Le coordinateur pour l’EVAM du programme d’occupation à Payerne note avec plaisir que ce type de mesure renforce non seulement les compétences pratiques et langagières des participants, mais également leur confiance en eux et leur familiarité avec le monde du travail suisse. "Dans le cas de Payerne, les autorités et les services concernés ont pleinement joué le jeu. Quant aux employés de la voirie, ils ont changé de regard sur les requérants d’asile, à force de les côtoyer", affirme Mouldi Epars Ben Fadhila. "Au début Maxa se mettait à l’écart pendant la pause, et les autres avaient un peu tendance à lui donner des ordres… Mais maintenant il n’y a plus de différence", confirme le responsable des parcs et promenades.
Un an après le démarrage du programme d’occupation à Payerne, les raisons de se réjouir ne manquent pas. La commune de la Broye se positionne comme vecteur et terrain de l’intégration socioprofessionnelle des migrants. Les participants au programme développent des liens avec leur nouvel environnement de vie et posent les premiers jalons en vue d’une future autonomie financière. Quant à l’EVAM, il remplit son rôle d’agent de cohésion sociale entre les migrants et la société d’accueil. Une belle réussite à saluer !
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