Expulsé de Suisse jeudi, l’Irakien raconte ses premières heures en Suède.
De la Suisse, Fahad K. garde le goût amer du vol spécial sous escorte policière: «Dans l’avi on, mon corps était sanglé, j’étais attaché à mon siège comme un criminel. Mais je ne suis pas en colère, je ne veux pas me voir comme une victime.» Le 2 mars dernier, lors d’une première tentative de renvoi dans un vol de ligne, l’Irakien s’était débattu jusqu’à ce que le pilote ordonne sa sortie de l’avion.
A Stockholm, où il a été renvoyé jeudi, le héros de La forteresse est redevenu un requérant d’asile anonyme. Fatigué, amaigri par plusieurs jours passés dans une cellule d’isolement d’une prison zurichoise, le jeune homme ressent la sale impression «de n’être le bienvenu nulle part». «Prisonnier ou réfugié? Je ne sais plus. Je suis fatigué d’être un requérant d’asile, de passer de centres d’hébergement en prisons, de montrer mes papiers, de raconter mon histoire en espérant qu’un pays veuille bien croire que je suis menacé en Irak», pays qu’il a fui en 2007.
Ses premières nuits en Suède, Fahad K. les passe dans un centre de transit de la banlieue de Stockholm. Une amie suisse est venue l’aider à trouver un logement, une chambre ou un studio. Car, sans adresse officielle, Fahad K. sera hébergé à plus de 1000 kilomètres au nord, dans un centre où il a déjà passé plusieurs mois avant son arrivée en Suisse.
Ensuite, il cherchera un avocat. Le jeune homme a vingt et un jours pour recourir contre la décision négative de la Suède, assortie d’un renvoi vers l’Irak, où sa vie serait menacée par des islamistes en raison de ses activités de traducteur pour l’armée américaine. «Je ne peux pas retourner là-bas. Mais je me sens aujourd’hui perdu dans le puzzle européen.»
Pour financer le logement et le conseil juridique de l’Irakien, un comité de soutien est en train de se former en Suisse, relayant l’immense vague d’indignation de plus de 6000 personnes qui ont signé une pétition en sa faveur. «J’aimerais leur dire un immense merci. Ils aimeraient tellement que leur souhait devienne réalité.»
MARTINE CLERC STOCKHOLM, pour 24 Heures.
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