Sans-papiers : quand la réalité rejoint l'affliction
URL source: http://www.rue89.com/les-moulouderies-de-charles/2009/03/15/sans-papiers-quand-la-realite-rejoint-laffliction
J'avais loupé la sortie de « Bienvenue chez les Ch'tis », et je me suis donc rattrapé sur le dernier film de Philippe Lioret , « Welcome ».
Ben... c'est pas le film comique de l'année, l'histoire de ce paillasson nommé « Welcome » sur lequel on s'essuie les pompes avant de rentrer chez soi, peinard, loin des bruits de l'immonde. Pas un gag sur le maroillle, pas une vanne sur l'accent, rien qu'une histoire ordinaire de personnes lambda, dans une période nauséabonde qui rappelle les heures les plus sombres du thermalisme.
Ici, l'histoire d'un maitre nageur rencontrant un gamin de 17 ans, Bilal, un Irakien du Kurdistan, qui veut aller rejoindre la belle Mina, à Londres.
Je comprends que la justesse du film, la délicatesse de l'approche de la situation des « sans-papiers », des réfugiés, des rêveurs aspirant à un destin autre que celui de la misère, de la guerre, et des mariages forcés, dérangent nos petits conforts.
Ce n'est pas juste un film, c'est un film juste. Pas de grandes déclarations, pas de tribunes, mais simplement, des faits au plus près du quotidien des « gueux », des gens ordinaires, pris dans une machinerie implacable.
Lindon, il est comme tout le monde, le gars. Pas un activiste islamo-gauchiste tibétain maçonnique encarté à rue89 ! Rien qu'un mec qui laisse parler son cœur et ses tripes.
Bilal a dans les yeux toute l'histoire de ses rêves et celle des damnés de la terre. Mina est le symbole des femmes marchandises privées de destin personnel.
Là-dessus, j'apprends que le ministre Besson, se raccrochant aux branches en déclarant que le film est excellent, ne supporte pas l'amalgame entre la période de Vichy et la nôtre. Il a raison le physionomiste en chef du club privé « France ». A l'époque tout était en noir et blanc, aujourd'hui on repère mieux les gens de couleurs.
Ensuite, j'avais un vernissage, pas eu envie de m'y rendre, juste de rentrer, le cœur gros, et les larmes aux yeux...
Bon, ce n'est que du cinéma, où la réalité rejoint l'affliction.
A Rennes, une occupation pour un droit d'asile de plus en plus précaire
Retour à la « réalité » le lendemain, avec un coup de fil du collectif de soutien aux sans-papiers de Rennes. Depuis mercredi, il occupe des locaux d'un centre social, Carrefour 18, afin d'y héberger des demandeurs d'asile, privés de logis, d'aide alimentaire...
La DDASS vient de faire savoir aux services d'accueil d'urgence que les budgets sont réduits drastiquement, et quid des 400 places. Les budgets pour les expulsions ne sont eux pas touchés par la crise. Seules 100 places seront disponibles, à l'heure où la régionalisation du guichet d'enregistrement des demandes d'asiles oblige les familles à rester sur la région rennaise.
Arrg ! Pourtant ces personnes sont en situation légale de demandeurs d'asile et l'Etat à pour mission de pourvoir à leur accueil dans des conditions décentes.
Hier soir, une famille du Congo RDC avec deux enfants en bas âge, venait rejoindre des Arméniens et des Birmans.
Les soutiens affluent (politiques, associatifs, personnels), l'occupation des lieux risque de durer un bon moment, en attendant une solution à cette situation de précarité, que l'Etat ne saurait accepter, compte tenue de sa mission d'accueil et d'asile.
Photo : Firat Ayverdi dans 'Welcome' (DR).
Liens:
[1] http://www.rue89.com/la-bande-du-cine/2009/03/10/philippe-lioret-calais-est-notre-frontiere-mexicaine
[2] http://www.rue89.com/2009/03/14/welcome-nest-pas-bienvenu-le-parallele-avec-1943-non-plus
[3] http://www.rue89.com/tag/sans-papiers
[4] http://www.rue89.com/tag/droit-dasile
12 mars 2009
La gauche se mêle à la polémique autour du film Welcome
http://immigration.blogs.liberation.fr/coroller/2009/03/le-ps-juge-rema.html
Ne pas réprimer la solidarité des anonymes qui viennent en aide aux migrants et ne punir que l'aide au séjour irrégulier "à des fins lucratives". C'est le sens de la proposition de loi que les députés PS ont promis de déposer dans les prochains jours.
Pour les socialistes, "le remarquable film «Welcome»", sorti sur les écrans hier mercredi 11 mars, qui conte l'histoire d'un maître nageur venant en aide à un clandestin, "est un beau témoignage de l'esprit solidarité de ces milliers d'anonymes qui tentent de soulager la misère des migrants sans droit de séjour, délaissés par les pouvoirs publics".
D'où leur souhait de voir "changer une loi absurde qui confond, sous l'incrimination d'aide au séjour irrégulier, ces gestes de solidarité humaine avec la vénalité des réseaux de passeurs".
Lors de la séance des questions au gouvernement, hier, la députée PS de Paris, George Pau-Langevin a rappelé que la loi "punit de cinq ans de prison toute personne qui aura par aide directe ou indirecte facilité l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d'un étranger en France". Une sanction qui, "selon vous (Eric Besson), ne s'applique qu'aux passeurs et trafiquants, ce qui est faux" a poursuivi la parlementaire PS. "Des condamnations sont prononcées et la peine est inscrite (au) casier judiciaire", confirment de leur côté les socialistes.
Comme il le fait depuis le début de la polémique, Eric Besson a répondu à la députée... à côté. Se refusant visiblement à aborder la question de la pénalisation de ceux qui aident les clandestins, il a repris son refrain habituel. Déclarant que "la situation de Calais est difficile parce que ces personnes ne veulent pas rester en France (...) ils veulent aller en Angleterre, il ne veulent pas demander l'asile à la France mais aller en Angleterre".
De son côté, le Parti communiste a apporté mercredi "tout son soutien" à l'auteur du film Welcome, Philippe Lioret, estimant que le ministre de l'Immigration "dépass(ait) les bornes".
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