La crise économique pousse les pays européens à fermer leurs portes aux migrants. Deux organisations ont critiqué mardi une "attitude de repli" qui conduit les migrants à utiliser des voies illégales et dangereuses, alors que 300 d'entre eux ont disparu au large de la Libye.
"Il semble que trois bateaux aient coulé au large des côtes libyennes, victimes de forts vents. Plus de 300 personnes semblent avoir disparu en mer", a déclaré à Genève le porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), Jean-Philippe Chauzy.
Une embarcation transportant 257 immigrés a coulé dimanche au large de la Libye. Vingt-trois personnes ont été sauvées et 21 corps ont été repêchés, a précisé le chef de mission de l'OIM, Laurence Hart, à Tripoli.
"Il n'y a pas de matériel de sauvetage sur ces bateaux, ni bouées, ni canots pneumatiques, parce que le but est d'y entasser autant de monde que possible avec un mépris complet de leur sécurité et de leur dignité", a souligné M.#Chauzy.
Le HCR choqué
Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'est déclaré "choqué" par le naufrage de trois embarcations de migrants africains au large des côtes libyennes.
"Cette tragédie est l'exemple le plus récent d'un phénomème mondial dans lequel des gens désespérés prennent des mesures désespérées pour échapper aux conflits, à la persécution et à la pauvreté en quête d'une vie meilleure", a déclaré le Haut Commissaire aux réfugiés Antonio Guterres.
Le responsable de l'ONU a critiqué "le caractère asymétrique de la mondialisation". Alors que l'argent et les marchandises peuvent circuler librement, les obstacles au mouvement des personnes se renforcent.
Situation paradoxale
"C'est paradoxal. Il y a de plus en plus de gens en mouvement et de plus en plus d'obstacles à leurs déplacements, ce qui les obligent à recourir à des moyens illégaux. Et il devient de plus en plus difficile de distinguer entre migrants économiques et réfugiés de bonne foi", a déclaré le Haut Commissaire.
Le porte-parole du HCR Ron Redmond a indiqué qu'il s'agit du début de la saison de migration en Méditerranée. Deux bateaux sont déjà arrivés au cours de la semaine écoulée, avec 244 migrants en Sicile et 219 autres à Lampedusa.
L'an dernier, près de 37#000 migrants sont arrivés en Italie par la mer, dont 75#% ont déposé une demande d'asile. Sur ce nombre, la moitié environ a obtenu une forme de protection de la part des autorités italiennes.
Pour Ron Redmond, la crise économique mondiale va contribuer à accroître les migrations. "Cela n'est pas prêt de cesser", a-t-il dit. Le porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) partage ce point de vue.
Les portes se ferment
"Nous assistons à la diminution des transferts de fonds des immigrés dans leur pays d'origine et à une baisse des prix des matières premières. Simultanément, les portes se ferment en Europe", a déclaré le porte-parole de l'OIM Jean-Philippe Chauzy.
Selon lui, la montée du chômage dans les pays industrialisés favorise "une politique de préférence nationale". "Si les voies légales d'immigration sont fermées, les migrants passent par des filières clandestines qui sont beaucoup plus dangereuses", a averti le représentant de l'OIM.
Il a dénoncé "l'effet pervers" des mesures de contrôle et "l'absence de gestion de la migration qui fait le lit de filières de passeurs tirant profit de gens qui migrent par nécessité et non par choix".
Près de 1,5 million d'immigrés travaillent dans le secteur informel en Libye. Ils viennent non seulement de la corne de l'Afrique, Somalie et Ethiopie, mais aussi des pays d'Afrique de l'Ouest, du Mali, notamment. Une fois amassé l'argent nécessaire, certains d'entre eux tentent la traversée.
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