Par Michel Guillaume dans L'hebdo Clandestins. Président de la Commission fédérale pour les questions de migration, Francis Matthey estime qu’il est temps de reconnaître leur existence et d’assouplir la législation. |
Cinq ans après la Suisse romande, les Suisses allemands découvrent le problème des sans-papiers. Quelque 150 d’entre eux ont occupé la Predigerkirche, à Zurich, où ils ont passé les Fêtes. Après avoir été massivement approuvées par le peuple en septembre 2006, les lois sur l’asile et sur les étrangers laissent apparaître leurs criantes lacunes.
A Zurich, la plupart des sans-papiers sont des requérants d’asile dont la demande a été rejetée, des NEM (non-entrée en matière) dans le jargon de l’Office fédéral des migrations. Selon l’ex-conseiller fédéral Christoph Blocher qui a durci ces deux lois, ils devraient quitter la Suisse. Mais voilà: ils sont toujours là. Et ils se manifestent désormais à visage découvert en racontant comment ils survivent en Suisse. Avec un bon Migros de 8 fr. 60 par jour.
Briser le tabou. Lundi 5 janvier, le responsable politique de la police, le conseiller d’Etat Hans Hollenstein, a rencontré une délégation de représentants des sans-papiers. Sans grand résultat: le politicien PDC a certes promis de créer une commission d’étude des cas de rigueur pour les soumettre à Berne, où l’Office des migrations tranche en dernier ressort.
Mais le principal problème n’est pas là. La loi révisée sur les étrangers ne mentionne même pas les sans-papiers, comme s’ils n’existaient pas, alors qu’on estime leur nombre entre 90 000 et 300 000 selon les sources. «Il est grand temps de briser ce tabou», estime Maria Roth Bernasconi (PS/GE). La libérale Martine Brunschwig Graf qui, à l’époque, s’était battue pour la régularisation des sans-papiers à Genève, abonde dans ce sens. «Les sans-papiers sont là, car l’économie a besoin d’eux», constate-t-elle.
Face à cette «double hypocrisie des autorités et des employeurs qui exploitent des travailleurs au noir», le président de la Commission fédérale pour les questions de migration, l’ancien conseiller d’Etat neuchâtelois Francis Matthey estime qu’il est temps d’agir. «Il faut modifier la loi sur les étrangers ou, du moins amender ses modalités d’application.»
Jeunes scolarisés. En septembre 2007, Francis Matthey a rencontré la ministre de Justice et Police Eveline Widmer-Schlumpf. «Nous avons demandé une application moins rigoureuse de la législation, en particulier pour les familles et les jeunes qui ont accompli leur scolarité obligatoire en Suisse», déclare-t-il.
Maria Roth Bernasconi propose la régularisation de tous les sans-papiers en Suisse depuis cinq ans, qui travaillent et n’ont pas recours à l’aide sociale. Sans grand espoir: «Le Parlement est très à droite dans ce domaine.»
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