lundi 8 septembre 2008

Malgré leur travail, l’intégration des requérants d’asile piétine

Les résidents du Centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe se bousculent pour travailler en forêt. Mais les mesures pour améliorer la cohabitation entre la population locale et les requérants tardent à déployer des effets visibles. Un article de Pierre Blanchard dans 24 Heures.

Les travaux d'utilité publique sont prisés des requérants.

REQUÉRANTS Les travaux d’utilité publique sont prisés des requérants. Leur travail est apprécié par le service forestier de la commune. D’autres projets sont à l’étude,
mais leur réalisation demande du temps.
VALLORBE, LE 3 SEPTEMBRE 2008
PHOTOS PIERRE BLANCHARD

Mostafa Aouiss

Mostafa Aouiss (de dos) est l’un des deux assistants d’encadrement employés par l’ODM. Sur le terrain, il montre l’exemple en prenant une part active aux travaux. Une attitude appréciée par les forestiers.

L'intensification des tra­vaux forestiers d’utilité publique est la mesure d’occupation des requérants la plus perceptible sur le terrain. Depuis le début du mois de septembre, trois jours par se­maine (du mardi au jeudi), les demandeurs d’asile du Centre d’enregistrement et de procé­dure (CEP) peuvent participer à des travaux de nettoyage de la forêt par groupes de cinq, ac­compagnés d’un assistant de l’encadrement, employé de l’Of­fice fédéral des migrations (ODM) qui ne rechigne pas à montrer l’exemple.
Nombreux sont les requé­rants qui désirent participer à ces activités. Mercredi passé, ve­nus de Gambie, d’Erythrée ou de Serbie, cinq hommes ont élagué la forêt en bordure du chemin qui mène à la Combe­Barathoux, un pâturage de la commune de Vallorbe qui jouxte la frontière française. Les participants étaient contents de se sentir utiles en rendant ser­vice au pays qui les accueille. De son côté, le garde-forestier ap­précie la qualité du travail fourni et relève que les seuls outils à disposition sont des pinces et des scies à main.
Changement peu visible

Pourtant dans la rue, les habitants de la Cité du fer n’ont pas l’impression que les choses ont beaucoup changé depuis la visite d’Eveline Widmer­Schlumpf au CEP en juin der­nier. «Les requérants s’asseyent moins sur le perron de la gare. Ils se tiennent contre la barrière en face. En été, on en voit plus au bord de l’Orbe ou près de la piscine. Néanmoins, ils sont toujours aussi nombreux», constatent les Vallorbiers. Il n’y a pas d’animosité dans les pro­pos des personnes interrogées, tout au plus un fatalisme con­descendant chez certains.
La fermeture du magasin La Bonne Occase à Orbe alimentait la conversation des dames qui buvaient leur café au tea-room. Dans les bistrots, les discussions sur le centre de requérants se font plus rares, sauf au motel près de la frontière, où la politi­que de l’immigration fait encore jaser. «On nous berne avec des promesses. C’est le système qui n’est pas bon. On fait manger du pain blanc aux requérants, puis on leur donne du pain rassis. Cela favorise leur entrée en clandestinité. J’ai écrit à ce sujet à la conseillère fédérale en charge du dossier. Je n’ai reçu qu’une réponse standard», com­mente un entrepreneur.
Chez les commerçants, le plus dérangeant c’est l’arrivée des re­quérants par groupes. Les ron­des de la police ont un effet dissuasif et, en cas de vol, l’in­tervention des forces de l’ordre est efficace. Mais, dans l’ensem­ble, il n’y a pas de gros pro­blème et aucun drame n’est à déplorer.
Joli geste

Sous l’appellation Lions d’Afrique, une équipe de de­mandeurs d’asile a même parti­cipé au tournoi de foot à six organisé par le FC Vallorbe-Bal­laigues. Habiles balle au pied, les requérants n’avaient pas de souliers à crampons pour évo­luer sur un terrain très glissant. Les Arpenteurs de Vallorbe ont prêté leurs chaussures aux Lions d’Afrique afin qu’ils puis­sent jouer leur dernier match dans de bonnes conditions. Un geste chargé de symboles et d’émotion.

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