Depuis quelques mois, le nombre de requérants est reparti à la hausse. Or la Suisse a réduit ses capacités d’accueil sous l’impulsion de l’ancien chef de Justice et Police. Du coup, les limites sont atteintes plus rapidement. Un article de Caroline Zuercher dans 24 Heures.
Les centres pour requérants d’asile tirent la langue. Après avoir régulièrement diminué, le nombre d’étrangers arrivant aux frontières helvétiques est à la hausse. Et une question devient lancinante: où loger les nouveaux venus? Ces dernières années, sous l’impulsion de Christoph Blocher, la Suisse a en effet réduit ses capacités d’accueil. Et désormais, les limites sont atteintes plus rapidement.
On était presque habitués à voir le nombre de demandes d’asile baisser. De 47 513 en 1999, elles sont passées à 10 795 en 2005 et se sont établies à 10 844 en 2007. Mais depuis juin, la tendance s’est une nouvelle fois inversée (voir infographie). Les chiffres d’août montrent que cette hausse est notamment due à l’afflux de Somaliens, d’Irakiens, d’Erythréens, d’Afghans, de Sri Lankais, de Serbes et de Nigérians. Pour l’ensemble de l’année, l’Office fédéral des migrations (ODM) table sur quelque 12 000 demandes.
Capacités réduites
Ces nouvelles arrivées entraînent les premières difficultés. C’est que, face à la baisse des demandes d’asile, Christoph Blocher avait décidé de réduire les capacités d’accueil – «à quelque 12 000», confirme l’Office fédéral des migrations (ODM). Les soutiens financiers aux cantons ont été modifiés et, en contrepartie, Berne devait intervenir si les statistiques dépassaient à nouveau la barre des 12 000 demandeurs d’asile. L’idée était de faire appel aux cantonnements de l’armée pour laisser aux régions le temps de trouver des solutions.
STRUCTURES Après plusieurs programmes d’économies, l’armée n’est aujourd’hui plus certaine de pouvoir fournir une aide à l’accueil aussi importante que prévu. LEHMANN/ATS LUKAS
«Nous n’avons pas de tableau général, en raison du fédéralisme. Mais ce qui paraît clair, c’est que les cantons ont réduit leurs capacités au maximum, confirme Yann Golay, porte-parole de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR). Et maintenant, à la plus petite augmentation, ils atteignent rapidement les limites.» Difficulté supplémentaire: après plusieurs programmes d’économies, l’armée n’est plus aujourd’hui dans la même situation que par le passé. Et n’est plus certaine de pouvoir fournir une aide aussi importante que prévu. Elle en a averti l’ODM et analyse actuellement ses capacités d’accueil. Du coup, la situation se tend. Comme l’a relaté la presse alémanique, presque tous les lits zurichois sont pris, Saint-Gall affiche un taux d’occupation maximum et Thurgovie a dû faire face à 117 nouveaux venus pour la première partie de l’année, contre 30 à 50 personnes les années précédentes.
Les barques sont pleines
Dans le canton de Vaud, le centre de Sainte-Croix, qui compte 125 places, est plein. Le canton de Genève, pour sa part, estime qu’au rythme actuel, il atteindra un taux d’occupation de 100% d’ici à deux mois.
«C’est un fait, les demandes d’asile ont augmenté, mais il n’y a pas encore de raisons de trop s’agiter», relativise Margrith Hanselmann, secrétaire générale de la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales. Toutefois, le canton de Thurgovie a demandé à la Confédération de ne plus lui attribuer de nouveaux requérants. Autre signe de cette pression, les cantons rencontrent Eveline Widmer- Schlumpf lundi pour discuter de la situation. Que vont-ils demander à la Confédération? Leurs représentants ne feront pas davantage de commentaires avant la semaine prochaine.
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