«Invraisemblance»: c'est le motif avancé par l'Office fédéral des migrations pour refuser la demande d'asile d'Eva (prénom d'emprunt), faite en juin depuis l'aéroport de Cointrin. Après recours, le Tribunal administratif fédéral a confirmé le jugement le 11 juillet.
A voir ses doigts mutilés et à écouter son récit, Eva a pourtant l'air crédible. Témoin gênant d'une excision, cette chrétienne originaire de Gambie a été charcutée par des hommes pour éviter qu'elle n'aille dénoncer à la police ce qu'elle a vu. Car si la mutilation génitale est interdite en Gambie, elle n'en est pas moins largement pratiquée par l'ethnie majoritaire. Menacée de mort, elle a pu se réfugier chez un pasteur, qui l'a aidée à fuir vers la Suisse.
Hier, l'Office des migrations a réaffirmé son point de vue: «Des phalanges coupées ne sont pas un indice suffisant pour accepter une demande d'asile», déclare son porte-parole Jonas Montani.
Mais à l'heure où la mutilation génitale commence à être pourchassée pénalement en Suisse, le paradoxe est soulevé: «On condamne ici des pratiques sans les reconnaître quand elles sont la source de souffrances ailleurs», regrette Michel Ottet, membre de l'association Elisa qui a offert son soutien juridique à Eva.
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