L’opinion italienne s’interroge sur le comportement de baigneurs insensibles au sort de deux Roms mortes sur une plage près de Naples. Un article de Dominique Dunglas pour 24 Heures.
Indifférence devant la mort de deux enfants, et fascination pour une exécution capitale: la Péninsule s’interroge sur l’attraction morbide démontrée par certains Italiens au cours des derniers jours.
Le drame s’est déroulé samedi dernier, sur la plage de Torregaveta, au nord de Naples. Viola et Cristina, deux Roms de 13 et 15 ans, étaient venues du camp nomade de Scampia pour tenter de vendre des briquets aux baigneurs. Les deux adolescentes n’ont pas résisté à l’envie de se baigner, malgré une mer agitée. Une vague plus forte que les autres les a projetées contre des rochers.
Lorsque des baigneurs ont ramené les deux enfants sur la plage, elles avaient cessé de vivre. Couverts d’une serviette, les deux cadavres sont restés une heure sur la plage dans l’attente de l’ambulance. Une présence qui n’a pas dérangé les plagistes. L’insouciance a repris son cours, à quelques mètres des corps inanimés.
Couverts d’une serviette, les deux cadavres sont restés une heure sur la plage. Une présence qui n’a pas dérangé les plagistes. EPA
CNN a mis les images sur son site internet et The Independant en a fait sa une, avec un titre éloquent: «Les photos qui font honte à l’Italie.» Une indifférence d’autant plus coupable que, selon le quotidien britannique, elle serait le résultat de la campagne raciste du gouvernement envers les Roms. Dans le passé, pourtant, des baigneurs ont eu le même comportement devant des victimes italiennes. Reste que de nombreuses voix se sont élevées contre ce manque d’affectivité. «Ne pas respecter la mort et ne s’occuper que de soi est parfois pire que l’événement tragique en lui-même, a déclaré le cardinal de Naples, Giuseppe Crescenzio. L’indifférence n’est pas un sentiment humain.»
Simulacre d’exécution
A Milan, un parc d’attractions propose un divertissement moins tragique, mais peut-être plus inquiétant.
L’attraction se présente sous la forme d’un mannequin, torse- nu et attaché à une fausse chaise électrique. Pour 1 euro, il est possible d’assister au simulacre d’exécution. Le corps de latex est pris de soubresauts, le visage grimace et hurle de douleur.
Le réalisme est poussé au maximum. L’attraction vient des Etats-Unis. Ce n’est pas un hasard, expliquent des psychologues: «Ce voyeurisme morbide, estiment-ils, tend à légitimer la peine capitale.»
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