jeudi 24 juillet 2008

Drame de l'indifférence sur une plage italienne

L’opinion italienne s’interroge sur le comportement de baigneurs insensibles au sort de deux Roms mortes sur une plage près de Naples. Un article de Dominique Dunglas pour 24 Heures.
Indifférence devant la mort de deux enfants, et fascination pour une exécution capitale: la Péninsule s’interroge sur l’at­traction morbide démontrée par certains Italiens au cours des derniers jours.
Le drame s’est déroulé sa­medi dernier, sur la plage de Torregaveta, au nord de Na­ples. Viola et Cristina, deux Roms de 13 et 15 ans, étaient venues du camp nomade de Scampia pour tenter de vendre des briquets aux baigneurs. Les deux adolescentes n’ont pas ré­sisté à l’envie de se baigner, malgré une mer agitée. Une vague plus forte que les autres les a projetées contre des ro­chers.
Lorsque des baigneurs ont ramené les deux enfants sur la plage, elles avaient cessé de vivre. Couverts d’une serviette, les deux cadavres sont restés une heure sur la plage dans l’attente de l’ambulance. Une présence qui n’a pas dérangé les plagistes. L’insouciance a repris son cours, à quelques mètres des corps inanimés.

Couverts d’une serviette, les deux cadavres sont restés une heure sur la plage. Une présence qui n’a pas dérangé les plagistes. EPA


CNN a mis les images sur son site internet et The Inde­pendant en a fait sa une, avec un titre éloquent: «Les photos qui font honte à l’Italie.» Une indifférence d’autant plus cou­pable que, selon le quotidien britannique, elle serait le résul­tat de la campagne raciste du gouvernement envers les Roms. Dans le passé, pourtant, des baigneurs ont eu le même com­portement devant des victimes italiennes. Reste que de nom­breuses voix se sont élevées contre ce manque d’affectivité. «Ne pas respecter la mort et ne s’occuper que de soi est parfois pire que l’événement tragique en lui-même, a déclaré le cardi­nal de Naples, Giuseppe Cres­cenzio. L’indifférence n’est pas un sentiment humain.»
Simulacre d’exécution

A Milan, un parc d’attrac­tions propose un divertisse­ment moins tragique, mais peut-être plus inquiétant.
L’attraction se présente sous la forme d’un mannequin, tor­se- nu et attaché à une fausse chaise électrique. Pour 1 euro, il est possible d’assister au si­mulacre d’exécution. Le corps de latex est pris de soubresauts, le visage grimace et hurle de douleur.
Le réalisme est poussé au maximum. L’attraction vient des Etats-Unis. Ce n’est pas un hasard, expliquent des psycho­logues: «Ce voyeurisme mor­bide, estiment-ils, tend à légiti­mer la peine capitale.»

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