samedi 3 mai 2008

Naturalisations par le peuple

Les lecteurs de 24 Heures donnent leur avis sur l'initiative de naturalisations par le peuple.


Comment décider ? (photo Urs Flueeler, Keystone)



Pour des naturalisations démocratiques

Lors d’une assemblée du Conseil général, nous devions voter sur la naturalisation d’une famille habitant la commune.J’ai demandé que l’on nous donne quelques informations sur la famille, un citoyen dans la salle s’est levé et nous l’a présentée.

Pour le bonheur de cette famille, le vote fut positif à l’unanimité moins quelques voix.Les candidats à la naturalisa­tion ne sont vraiment connus que de leurs voisins, une natu­ralisation démocratique n’a pas de sens et n’est qu’une formalité dont on peut se passer.C’est aux municipalités qui connaissent les personnes et leur dossier d’approuver les naturalisations.Il faut voter non à l’initiative de l’UDC.

Jean-Jacques Poget, Arnex-sur-Orbe


Quelle tristesse!

Pendant qu’en France Sarkozy va enterrer Césaire en Martini­que, Germaine Tillon part (presque) dans l’indifférence et l’on est bien forcé de reconnaî­tre – paradoxe – que les sans­papiers sont nécessaires à l’économie.

Ici l’UDC lance une initiative «Pour des naturalisations dé­mocratiques » (ça ne s’invente pas!) et nous ressort son affiche digne des illustrations anti­dreyfusardes (manque les on­gles crochus) et de la propa­gande vichyste. Stigmatiser l’étranger et favoriser la xéno­phobie, quelle tristesse!

Gilles Poulou, Lausanne


De la naturalisation par le peuple

L’UDC insiste avec raison sur l’impossibilité d’accorder la moindre confiance aux députés que nous avons élus. La natio­nalité suisse ne peut être oc­troyée que par le peuple.Mais le film Les faiseurs de Suisses montre bien les difficul­tés de la tâche. Que voit-on? Un bon policier, sage et expéri­menté, qui sait percevoir les signes d’inadaptation des candi­dats (leur sac-poubelle brun alors que tous les autres sont noirs, l’absence de rideaux à la fenêtre de leur cuisine…), et déjoue leurs pièges en se pré­sentant chez eux avant l’heure du rendez-vous. Alors qu’en face, le jeune blanc-bec naïf (incarné à l’écran par Emil, un humoriste, c’est tout dire!) se laisse abuser par l’exotisme provocant de la danseuse ou le désordre bruyant des Italiens.On exigera donc la publica­tion dans le journal local (aux frais des requérants) de l’en­semble des documents les concernant: arbre généalogique, vérification de parenté des enfants par l’ADN, certificat de baptême, carnets scolaires, certificat de bonnes moeurs, casier judiciaire, rapport médi­cal détaillé, déclaration d’impôt, etc. Pour les réfugiés soi-disant politiques, on demandera un rapport à la police de leur pays d’origine.

Chaque citoyen de la com­mune, sur présentation de sa carte, pourra sans préavis (sur­tout sans préavis!) inspecter le logement des candidats, chaque jour dès 8 heures (…).Les candidats seront ensuite convoqués devant l’Assemblée du peuple, à la grande salle du village, ou sur la place publique, ou éventuellement au stade municipal. Ils se présenteront avec leurs enfants et répon­dront directement aux ques­tions posées par le peuple, qui votera ensuite avec le pouce, ou par boules blanches ou noires.

Daniel Monthoux, Lausanne


Pour des naturalisations humaines

Ce projet permettra aux ci­toyens d’une commune de définir comment ils veulent naturaliser les étrangers y habitant. C’est donc sur la base de contacts humains et d’une procédure de proximité que nous pourrions désormais décider d’accorder le droit de cité suisse. Pour cela, je vous enjoins à voter oui le 1er juin prochain.

Kevin Grangier, président des Jeunes UDC-Vaud, Aigle


Le Conseil fédéral doit donner des explications

L’initiative dont on a peu parlé en Suisse romande, «Souverai­neté du peuple sans propa­gande gouvernementale», sera bientôt soumise au vote du peuple suisse. Les initiants veulent que le Conseil fédéral se contente d’expliquer les enjeux des votations à venir, avec toutes les options possi­bles. Ils ne veulent pas que le Conseil fédéral impose son choix. Les initiants veulent que le Conseil fédéral soit le servi­teur du peuple, comme la Constitution le stipule. Ils ne veulent pas d’un gouvernement autoritaire.Les médias aux ordres et l’administration fédérale hurlent qu’on veut mettre une «muse­lière » au Conseil fédéral. C’est faux. Au contraire, il faut que le Conseil fédéral parle et donne les explications qu’il doit four­nir, pour que les votants expri­ment leur volonté après avoir soupesé les différentes possibili­tés et choisi celle qui leur con­vient. Celle dont le Conseil fédéral devra prendre acte, que ça lui convienne ou pas. (…)

Daly Chéhab, La Tour-de-Peilz


Ou trop, ou pas assez!

La votation fédérale du 1er juin sur l’initiative «Pour des natu­ralisations démocratiques» aiguise déjà les «plumes».Chacun y va de son explication sur ce sujet sensible, et les uns de défendre une décision par les urnes, pendant que les autres n’y voient qu’un acte administratif.Si la volonté de l’UDC paraît excessive, il n’en demeure pas moins qu‘on a pu constater l’excès contraire où le «passe­port à croix blanche» a été «donné» peut-être trop facile­ment.

Pour éviter la récidive de telles initiatives dites «limitati­ves », il faut prêter plus d’atten­tion à la personne candidate à la naturalisation.Parmi les mesures que les autorités locales peuvent sans conteste mettre en application, signalons une préparation plus poussée des candidats, une attention plus grande à leur témoigner individuellement.

Les «cours à la naturalisa­tion » sont encore beaucoup trop rares (informer le candidat sur son pays d’adoption, l’en­courager à s’engager dans la vie publique, lui rappeler l’honneur de devenir Suisse, voir si les exigences fixées pour l’intégra­tion sont réunies). Cette prépa­ration devrait d’ailleurs même être imposée aux demandes dites «facilitées»!

Si rien n’est entrepris dans tel sens, l’obtention du passeport va vite devenir un acte futile. Et alors, il ne faudra pas s’étonner que certains milieux (re)deman­dent un renforcement des contrôles «par les urnes».

Et ce sera finalement au détriment des Suisses prônant l’ouverture comme des étran­gers candidats à la naturalisa­tion!

Claude Vauthey, Moudon


Les jolis mots et l’image choc

A lire Guy Parmelin, rien à redire, l’argumentation coule, s’enfile et finit par paraître acceptable. Quelle belle image du citoyen responsable qui saura faire la part des choses entre visages bruns et blancs des candidats à la naturalisa­tion, entre les bons et les mé­chants.

Tout comme ce même citoyen saura reconnaître les mains des méchants sur l’image de campa­gne sans nuances de l’UDC, recyclée de la dernière votation similaire. C’est certain, aidé de la sorte, ce bon électeur de naissance ou naturalisé saura trier entre ceux qui veulent du bien à notre belle Suisse et les autres.

Votations du 1er juin ou futures scrutins communaux pour naturaliser des mains venues d’ailleurs, nous savons ce que nous pouvons attendre du Politbüro zurichois de l’UDC. Même une fidèle politicienne de leurs (anciens) rangs, fille d’un ex-conseiller fédéral, ne trouve plus grâce à leurs yeux. Il est vrai que son nom de jeune fille fait penser à des petits hommes bleus venus d’ailleurs… Une main bleue sur la pro­chaine affiche de l’UDC?

Doris Agazzi, Saint-Cierges

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