«Le droit d’asile, certes; et celui du peuple de disposer de soi-même et de vivre en paix? Et la défense des transports publics?»
Jacques Favre, conseiller communal socialiste, Vallorbe
Soutenir une motion qui dénonce une situation devenue intolérable à la gare de Vallorbe, ce n’est pas faire preuve de racisme, mais uniquement donner un signal clair aux autorités compétentes pour qu’une solution satisfaisante soit enfin trouvée. Espérons que l’exaspération des Vallorbiers sera entendue. Il faut souligner d’emblée que tous les socialistes n’ont pas voté la motion. Plusieurs se sont abstenus et deux l’ont refusée, trouvant sa formulation excessive.
Aux grands principes sur lesquels repose le droit d’asile, il faut opposer un autre principe du droit international, à savoir celui des peuples à disposer d’eux-mêmes et à vivre en paix. Le «peuple de Vallorbe» aspire à vivre en toute quiétude. La présence de requérants dans nos murs dérange la population pour plusieurs raisons déjà évoquées dans les médias. Aujourd’hui, c’est surtout le nombre qui fait problème: 9% de la population quand le centre est plein, ce qui est de plus en plus le cas. Par ailleurs, notre population est exaspérée par la mauvaise image que les médias donnent de notre localité. Les journalistes sont souvent influencés par des groupuscules qui utilisent les réfugiés à des fins politiques. Si beaucoup de socialistes sont sensibles à la misère du monde qui arrive chez nous, ils doivent aussi tenir compte des préoccupations des citoyens qui les ont élus.
L’envahissement de la gare de Vallorbe par des requérants qui cherchent un endroit chauffé représente une telle préoccupation. En raison du brouhaha qui règne dans le hall exigu, il est difficile de se faire entendre au guichet, et il faut souvent enjamber les requérants qui dorment dans l’escalier menant au quai des trains régionaux!
Ce genre d’entrave à l’activité des chemins de fer – à l’image d’une voiture qui serait stationnée sur un passage à niveau – n’est pas sans conséquences. Face à cet environnement peu favorable, de nombreuses personnes disent ne plus vouloir prendre le train en gare de Vallorbe: certaines prennent la voiture, des parents conduisent leurs gymnasiens à la gare du Day et un cas de changement de domicile a été signalé.
En cas de baisse significative du nombre de voyageurs, la desserte de la gare de Vallorbe pourrait être abandonnée au profit du rebroussement des trains régionaux au Day en vue d’assurer une liaison directe entre Lausanne et la Vallée de Joux, comme cela a déjà été envisagé. Vu que les trains de Lausanne sont déjà presque vides dès La Sarraz ou Croy, on peut aussi craindre un remplacement par des bus dès ces localités, du moins au milieu de la journée.
Victime de plusieurs rationalisations ces dernières années, la gare de Vallorbe risque d’être totalement abandonnée par les CFF. Il est donc compréhensible que les socialistes de Vallorbe s’émeuvent de l’entrave au bon fonctionnement du trafic causée par la présence massive de requérants. Des transports publics performants font partie des objectifs du Parti socialiste suisse. En défendant la gare de Vallorbe comme lieu où on prend un train dans des conditions normales, les socialistes locaux s’inscrivent dans la ligne du parti.
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