jeudi 20 décembre 2007

France: des résistances à la «chasse aux étrangers»

Dans divers services de l’Etat français, des employés refusent de se voir transformés en «auxiliaires de police». On leur demandait de repérer et de dénoncer des étrangers en situation irrégulière. Une association a été créée.


Brice Hortefeux
ministre de l’Immigration de Nicolas Sarkozy (AFP)

«Nous refusons de collaborer à la chasse à l’étranger qui s’est instaurée dans ce pays.» N’ac­ceptant pas de se voir transfor­més en «auxiliaires de police» en devant dénoncer des person­nes en situation irrégulière, des salariés des services publics français viennent de s’organiser au sein du REFI (Réseau em­ploi formation insertion), afin de «résister collectivement».

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Le mouvement est né à Lyon le mois dernier. Le déclic? Un employé de l’ANPE (Agence na­tionale pour l’emploi) s’aperçoit qu’un rendez-vous a été pris avec un demandeur d’emploi dont il s’occupe. A son insu. Sa hiérarchie explique alors au fonctionnaire que l’homme est un étranger en situation irrégu­lière, et que son rôle est de le signaler à des policiers qui pourront ainsi l’appréhender, rapporte un article du quoti­dien Libération.
Priés de dénoncer
«Heureusement, ce jour-là, la personne n’est pas venue», af­firme le document annonçant la fondation du REFI. «Notre mis­sion c’est l’emploi, la formation, l’insertion, ce n’est pas le con­trôle des papiers des étrangers, et encore moins la délation», lit-on sur le texte rédigé par des fonctionnaires de plusieurs ser­vices de l’Etat. Car l’ANPE n’est pas le seul secteur de l’adminis­tration où les employés sont désormais priés de repérer des sans-papiers et de les dénoncer.
Fidèle à une des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy, son ministre de l’Im­migration Brice Hortefeux s’est en effet fixé «l’objectif» de 25 000 expulsions avant la fin de l’année. Dans ce but, il a rédigé plusieurs circulaires exi­geant un contrôle accru des documents des étrangers dans divers services de l’Etat. Pei­nant à atteindre les quotas fixés, le ministre a même con­voqué une vingtaine de préfets en septembre pour les répri­mander, et leur demander d’ac­croître leurs efforts.
Des remontrances qui ont fait leur effet sur les magistrats. En tout cas sur certains. Début octobre, la Préfecture de Hau­te- Garonne (Toulouse) a in­formé qu’elle formait des «groupes de référents». Soit des fonctionnaires chargés de «croiser» les informations des différentes administrations afin de repérer des étrangers en situation irrégulière et les dé­noncer à la police des airs et des frontières.
A la fin novembre, la France avait procédé à 21 000 «éloi­gnements », selon l’expression utilisée par Brice Hortefeux pour parler d’expulsions du ter­ritoire.

Un article de Gustavo Kuhn dans 24 Heures

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