jeudi 6 décembre 2007

Chaque jour, 1500 réfugiés sont forcés de rentrer en Irak

Bien que la situation sécuritaire demeure instable, ils sont contraints au retour. Le HCR appelle à la prudence.


Les réfugiés irakiens rentrent souvent
à contrecoeur. Pour la première fois depuis
le début des combats, on dénombre plus
de retours que de départs. AFP


Serait-ce un tournant? Selon les estimations de l’ONU, les réfu­giés irakiens en Syrie sont en moyenne 1500 par jour à ren­trer au pays. Certes, ils ne re­présentent qu’une infime part des 1,2 million d’Irakiens ayant fui chez leurs voisins syriens. Mais pour la première fois de­puis le début des hostilités, on dénombre plus de retours que de départs. La raison? Les diffi­cultés économiques et une mo­dification des conditions de sé­jour en Syrie les poussent à partir.
C’est clair: Damas a adopté une ligne plus dure. Depuis le premier octobre, impossible pour les Irakiens d’obtenir li­brement un visa à la frontière, comme c’était le cas aupara­vant. Il faut désormais passer par l’ambassade syrienne à Ba­gdad. Et seuls les Irakiens di­plômés ou désirant se rendre en Syrie pour affaires obtiendront le précieux sésame. Pour ceux qui se trouvent déjà sur le sol syrien, les visas temporaires de trois mois ne sont renouvelés que pour les personnes qui y sont soignées ou dont les en­fants sont scolarisés.
«Bien sûr, je préférerais res­ter ici mais je ne peux pas! Mon visa a expiré et je n’ai plus d’argent», explique Ahmed Hussein, originaire du quartier de Sadr City, à Bagdad. «Il n’y a pas de travail pour nous ici», renchérit Ahmad Ali, avant de monter dans le bus qui doit le ramener chez lui. Les deux hommes font partie d’un convoi devant rapatrier près de 800 personnes. Beaucoup arbo­rent une mine sombre et an­xieuse en chargeant leurs sacs dans les cars.
L’opération a eu lieu la se­maine dernière. Elle était finan­cée par le gouvernement ira­kien, qui s’est empressé d’indi­quer qu’elle était possible grâce à l’amélioration de la sécurité à Bagdad. Une manière de pré­senter les choses que certains voyageurs n’hésitent pas à qua­lifier de propagande.
Le chaos menace toujours
Car le calme est tout relatif. Bien que le nombre de civils tués ait fortement baissé pour atteindre en novembre son ni­veau le plus bas depuis deux ans, chaque jour, des dizaines de personnes trouvent la mort dans des violences. De plus, les analystes s’accordent à dire qu’un retour au chaos peut se produire à tout moment. Le HCR a donc appelé à la plus grande prudence. Selon Jenni­fer Pagonis, porte-parole de l’or­ganisation, «le moment n’est pas encore venu pour promou­voir, organiser ou encourager les retours. La situation sécuri­taire dans plusieurs régions du pays demeure instable et im­prévisible. »
Article de Sophie Gaitzsch dans 24 Heures

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