mardi 20 novembre 2007

Une histoire de racisme ordinaire

Histoire contée par Madame Françoise Bonny de Lausanne, dans le courrier des lecteurs de 24 Heures:


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/12/ApartheidSignEnglishAfrikaans.jpg/300px-ApartheidSignEnglishAfrikaans.jpg

Mon mari, Camerounais, et trois de ses amis se sont vus interdire l’entrée d’un bar lausannois que nous fréquentons parfois en couple. J’ai demandé des explications à la patronne: «mes employés ont pour consigne de ne pas recevoir des Africains, des Arabes ou des Albanais en groupe». Trop bruyants. La dame ne pense pas être xénophobe, elle est elle-même Albanaise, c’est dire… Elle ne sait pas si ces quatre personnes-là étaient bruyantes, elle n’était pas là.
Qui dit délit de faciès? On expulse d’abord, on discute ensuite. Symptomatique de l’ambiance malsaine entretenue par l’UDC. Leçons de cette mésaventure parmi d’autres:
1. un Africain, ça va, quatre Africains, bonjour les dégâts!
2. les Africains parlent forcément fort, sont certainement dealers, donc dehors les moutons noirs!
3. si la police du commerce avait traité cette dame avec sa propre logique, on ne lui aurait pas permis d’ouvrir son bar, car les préjugés, lamentables, n’épargnent pas les Albanais.
A part ça, bonne nouvelle, mon mari ne s’est plus fait accoster dans la rue par des toxicos «vends-moi quelque chose, je sais que tu en as!» Forcément, un Noir… Ils ont enfin compris qu’il n’«en» a pas. (…)
Je repense à mes arrière-grands-parents, Suisses, partis chercher une vie meilleure en Argentine il y a un siècle. L’histoire tourne, il fut un temps où les Suisses s’expatriaient pour vivre. Si ce temps revenait, où irons-nous? Qui nous accueillera? La Terre n’est qu’un grand village, attention aux retours de manivelle…

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