Lire l'article d'Amandine Hiltbrand dans Le Courrier
Après dix-sept ans en Suisse, le Kosovar Musa Selimi, père de famille résidant à Carouge, est prié de quitter le pays.
Arrivé en Suisse illégalement en 1990, Musa Selimi a construit l'essentiel de sa vie d'adulte à Genève. Il se dit fier d'être Albanais du Kosovo et de représenter son pays à l'étranger. L'homme de 37 ans considère en revanche n'y avoir plus aucune attache ni futur. Travailleur sans permis depuis son arrivée, mais cotisant aux assurances sociales dès 1992, il faisait un voyage tous les trois ou quatre ans pour voir sa famille. Sa femme ainsi que ses deux enfants sont venus le rejoindre au bout du lac en 2005. Fin septembre, Musa Selimi reçoit une lettre lui priant de quitter le territoire au 15 janvier 2008. «J'ai cotisé quinze ans à Genève, j'ai un travail qui me plaît, mes enfants vont à l'école et parlent le français. J'ai un frère ici et une soeur à Bâle. Je n'ai plus rien au Kosovo, sans compter que la situation politique y est délicate. Je ne peux pas ramener les miens là-bas», déclare le père de famille.
En 2003, la demande d'autorisation de séjour de M. Selimi est remise avec des milliers d'autres à l'Office cantonal de la population par le syndicat SIT, qui revendique «un emploi, un permis» pour les travailleurs non déclarés. La demande de séjour est acceptée par les autorités cantonales. Néanmoins, leur «décision demeure subordonnée à l'approbation de l'Office fédéral des migrations». Lequel office refuse la régularisation de M. Selimi en 2005. Son recours auprès du Tribunal administratif fédéral subira le même sort, deux ans plus tard. Malgré les bonnes recommandations de ses employeurs et sa maîtrise des trois langues nationales, Musa Selimi est prié de partir. Par cette décision, c'est toute sa famille, qu'il fait vivre de son seul salaire, qui est touchée. Révolté par la décision de Berne, son entourage se mobilise. «Je ne vois pas où est l'intérêt public dans ce renvoi: M. Selimi travaille et cotise, son employeur est content de lui, ses enfants intégrés, tout le monde est gagnant!», s'indigne Henriette Stebler, maîtresse d'école du fils cadet de M. Selimi, Dibran, âgé de 5 ans.
Premièrement, le Conseil municipal de Carouge soutient la famille par une résolution votée à l'unanimité, moins deux voix udécistes et une abstention. Puis, une pétition est lancée dans le quartier. A ce jour, elle a récolté trois cent paraphes, pour l'intégration du couple et des deux enfants. Finalement, une demande de reconsidération au niveau fédéral sera déposée prochainement par l'avocat de M. Selimi, Me Rausis, faisant valoir la présence de sa femme et de ses enfants sur le territoire, jusqu'ici inconnue des autorités. Il avait en effet été déconseillé à M. Selimi d'en faire mention. Conseil qui, selon l'avocat, lui aurait porté préjudice, les hommes seuls faisant plus souvent l'objet de renvoi que ceux avec femme et enfants
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