samedi 22 septembre 2007

Paroisse d'Ecublens - Saint-Sulpice interdite d'organiste japonaise

Un permis B avec activité lucrative refusé pour cause de nationalité non européenne. L'artiste de renom avait pourtant été la seule à répondre à l'offre d'emploi.


L'église romane de Saint-Sulpice, très prisée pour les mariages,
devrait selon la justice se contenter d'un organiste «amateur éclairé».

Délices et orgues en berne à Ecublens et à Saint-Sulpice, depuis le couperet du Tribunal administratif vaudois, tombé le 6 septembre. Pour le plaisir et pour le recueillement, les deux voisines, qui forment une paroisse réformée commune, avaient trouvé la perle rare en la personne de la jeune organiste virtuose japonaise Ezko Kikuchi, bardée de distinctions du Conservatoire de Lausanne. Perle unique en vérité, puisqu'elle fut la seule personne à postuler lors de la mise au concours du poste suite au départ du titulaire.

C'était compter sans les tracasseries administratives. «Le permis de travail a été refusé, en application de la limitation du nombre des étrangers non européens, explique Philippe Vogel, son avocat. Les juges ont estimé que les communes n'avaient pas fait tous les efforts de recrutement requis pour bénéficier de l'exception consentie au personnel spécialisé. Et puis, ils se sont demandés si une organiste aussi confirmée n'était pas finalement un luxe pour des églises de village.»

Le Tribunal administratif ajoute que pour bien faire, l'employeur potentiel doit démontrer «qu'aucun travailleur indigène ou ressortissant de l'UE ou de l'AELE ne peut être recruté pour ce travail en Suisse». Qu'il doit signaler la vacance du poste à l'Office régional de placement.

«Doit-on en déduire qu'il faudrait faire une offre dans toute l'Europe pour être en règle?», s'interroge le greffe municipal d'Ecublens.

Président du conseil de paroisse, Jacqueline Hefti souligne combien il est difficile de repourvoir un tel poste. «Cela nécessite une grande disponibilité en termes d'horaires et beaucoup de souplesse, étant donné la diversité des offices. Sans parler bien sûr de la dimension spirituelle inhérente à la fonction.» Autant de critères que la candidate japonaise semblait être la seule à satisfaire, ou du moins à être disposée à le faire. Ce qui n'empêche pas les juges de se demander si un «amateur éclairé» ou un étudiant ne ferait pas tout aussi bien l'affaire. «Sans doute les communes n'ont-elles pas envisagé cette solution, dès lorsqu'elles disposaient d'une perle rare. Il s'agit là d'un choix compréhensible, mais de convenance, que la jurisprudence exclut de faire.»

Un article de Georges-Marie Bécherraz pour 24 Heures

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