Obtenir un visa de courte durée quand on est jeune, célibataire et originaire de certains pays d’Afrique ou d’Orient semble mission impossible. Le risque d’immigration illégale est trop grand, selon l’administration.
L’ambassade suisse à Téhéran.
Pour bien des Iraniens, s’y rendre n’est déjà pas chose aisée.
Célibataires, passez votre chemin! Si vous êtes jeune, non marié et que vous venez de certains pays extra-européens, obtenir un visa pour la Suisse, même un simple visa de touriste, semble mission impossible. Françoise et Serge Vaezi l’ont appris à leurs dépens. Ou plutôt à ceux de leurs nièces, que ce couple de retraités helvéto- iranien, installé à Vernier (GE), souhaitait inviter pour l’été.
Les deux soeurs iraniennes de 23 et 27 ans ont fait toutes les démarches auprès de l’ambassade de Suisse à Téhéran. De leur côté, leurs parents genevois ont envoyé des copies de leurs propres cartes d’identité, un relevé de compte, etc. Il y a deux ans, une autre nièce iranienne avait obtenu un visa sans problème. Mais cette foisci, la demande a été rejetée.
Soupçons de faux papiers
Sur le formulaire standard de refus, la case «sortie de Suisse non garantie au terme du séjour » est cochée. Autrement dit, on craint que les deux soeurs, sous prétexte de visite familiale, en profitent pour immigrer illégalement en Suisse. Le fait qu’elles sont jeunes et célibataires les rendrait particulièrement suspectes. C’est du moins ce qui a été répondu aux insistantes questions des Vaezi. «On présume qu’elles ont des intentions malhonnêtes, s’insurge Françoise Vaezi. Si elles montrent une attestation prouvant qu’elles ont du travail en Iran, et donc ne cherchent pas à émigrer, l’ambassade suisse soupçonne d’office que ces papiers sont faux. Quand j’entends ça, j’ai honte d’être Suisse!» Reste la possibilité de faire recours. Perspective peu alléchante. «Elles devraient à nouveau payer un billet d’avion pour retourner à l’ambassade suisse de Téhéran, à 1000 kilomètres de leur domicile, pour qu’au bout du compte on leur réponde probablement non une seconde fois?» Avec, cerise sur le gâteau, les frais de justice à payer… Ce cas n’est pas isolé, à en croire des arrêts du Tribunal administratif fédéral trouvés sur internet. De jeunes Marocains, qui voulaient rendre visite à leur famille en Suisse ou assister au mariage d’un parent, ont fait recours contre le refus d’un visa. La réponse: «Compte tenu de la situation personnelle, professionnelle et familiale du requérant (jeune homme célibataire et sans emploi) et de la situation socioéconomique prévalant dans son pays d’origine, la sortie de Suisse de l’intéressé au terme du séjour envisagé n’apparaît pas suffisamment assurée.»
Pays «à risque»
Selon le tribunal, l’expérience montre que, dans des cas analogues, «de nombreux étrangers» cherchent à s’établir en Suisse «par tous les moyens». Ajoutant que le pays ne peut pas accueillir tous les étrangers qui désirent y venir, même pour des séjours de courte durée, les juges recommandent aux hôtes suisses qui souhaiteraient voir leurs parents, de le faire… au Maroc!
A l’Office fédéral des migrations, le porte-parole Dominique Boillat confirme qu’il existe des pays «à risque», notamment en Afrique et en Orient. Il assure pourtant qu’il n’y a pas de «liste noire». Seulement des directives spéciales, par exemple concernant les étudiants chinois. Mais rien sur l’Iran, où le taux de refus n’est que de 5%. Puis il ajoute: «C’est sûr, dès qu’on vient de certains pays, il y a un handicap pour obtenir un visa.»
ANTOINE GROSJEAN dans le quotidien 24 Heures
L’ambassade suisse à Téhéran.
Pour bien des Iraniens, s’y rendre n’est déjà pas chose aisée.
Célibataires, passez votre chemin! Si vous êtes jeune, non marié et que vous venez de certains pays extra-européens, obtenir un visa pour la Suisse, même un simple visa de touriste, semble mission impossible. Françoise et Serge Vaezi l’ont appris à leurs dépens. Ou plutôt à ceux de leurs nièces, que ce couple de retraités helvéto- iranien, installé à Vernier (GE), souhaitait inviter pour l’été.
Les deux soeurs iraniennes de 23 et 27 ans ont fait toutes les démarches auprès de l’ambassade de Suisse à Téhéran. De leur côté, leurs parents genevois ont envoyé des copies de leurs propres cartes d’identité, un relevé de compte, etc. Il y a deux ans, une autre nièce iranienne avait obtenu un visa sans problème. Mais cette foisci, la demande a été rejetée.
Soupçons de faux papiers
Sur le formulaire standard de refus, la case «sortie de Suisse non garantie au terme du séjour » est cochée. Autrement dit, on craint que les deux soeurs, sous prétexte de visite familiale, en profitent pour immigrer illégalement en Suisse. Le fait qu’elles sont jeunes et célibataires les rendrait particulièrement suspectes. C’est du moins ce qui a été répondu aux insistantes questions des Vaezi. «On présume qu’elles ont des intentions malhonnêtes, s’insurge Françoise Vaezi. Si elles montrent une attestation prouvant qu’elles ont du travail en Iran, et donc ne cherchent pas à émigrer, l’ambassade suisse soupçonne d’office que ces papiers sont faux. Quand j’entends ça, j’ai honte d’être Suisse!» Reste la possibilité de faire recours. Perspective peu alléchante. «Elles devraient à nouveau payer un billet d’avion pour retourner à l’ambassade suisse de Téhéran, à 1000 kilomètres de leur domicile, pour qu’au bout du compte on leur réponde probablement non une seconde fois?» Avec, cerise sur le gâteau, les frais de justice à payer… Ce cas n’est pas isolé, à en croire des arrêts du Tribunal administratif fédéral trouvés sur internet. De jeunes Marocains, qui voulaient rendre visite à leur famille en Suisse ou assister au mariage d’un parent, ont fait recours contre le refus d’un visa. La réponse: «Compte tenu de la situation personnelle, professionnelle et familiale du requérant (jeune homme célibataire et sans emploi) et de la situation socioéconomique prévalant dans son pays d’origine, la sortie de Suisse de l’intéressé au terme du séjour envisagé n’apparaît pas suffisamment assurée.»
Pays «à risque»
Selon le tribunal, l’expérience montre que, dans des cas analogues, «de nombreux étrangers» cherchent à s’établir en Suisse «par tous les moyens». Ajoutant que le pays ne peut pas accueillir tous les étrangers qui désirent y venir, même pour des séjours de courte durée, les juges recommandent aux hôtes suisses qui souhaiteraient voir leurs parents, de le faire… au Maroc!
A l’Office fédéral des migrations, le porte-parole Dominique Boillat confirme qu’il existe des pays «à risque», notamment en Afrique et en Orient. Il assure pourtant qu’il n’y a pas de «liste noire». Seulement des directives spéciales, par exemple concernant les étudiants chinois. Mais rien sur l’Iran, où le taux de refus n’est que de 5%. Puis il ajoute: «C’est sûr, dès qu’on vient de certains pays, il y a un handicap pour obtenir un visa.»
ANTOINE GROSJEAN dans le quotidien 24 Heures
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