mercredi 22 août 2007

Le mirage européen s'éloigne

En 2006, plus de 30 000 migrants ont risqué leur vie pour tenter de rallier les Canaries depuis le Sénégal sur des pirogues artisanales. A la mi-2007, ils n'étaient que 4 500. Conséquence à la fois de la sensibilisation et de la surveillance renforcée des côtes, juge le quotidien sénégalais Wal Fadjri.


Sur une plage
sénégalaise,
en décembre 2006
AFP

"Je ne veux plus partir. Grâce au collectif des femmes", lâche Sambaye Cissé, assis sous l'auvent d'une cour de Thiaroye-sur-Mer, dans la banlieue maritime de Dakar. Ce père de quatre enfants a tenté deux fois la traversée vers l'Europe. Boubou gris, barbe poivre et sel, pêcheur, 46 ans, il raconte : "J'ai fait une première tentative le 4 mars 2006. Le sixième jour il y a eu une tempête, à hauteur du Sahara marocain. La pirogue commençait à se disloquer. Un bateau de pêche a donné l'alerte." Les quelque 80 candidats au rêve européen ont été rapatriés.

Pas découragés, ils sont repartis en août, sur une pirogue artisanale de 22 mètres. Interceptés à leur arrivée sur l'île espagnole de Tenerife, ils ont été rapatriés en septembre. "Certains ont voulu récidiver, mais entre-temps, le collectif de femmes s'était créé. Grâce à elles, les gens ont pris conscience que traverser était dangereux." Sambaye est retourné à ses filets, mais les prix du poisson ne cessent de baisser. Alors, "on se serre la ceinture".

D'autres ont eu moins de chance. Le fils unique de Yayi Bayam Diouf y a laissé sa vie. C'est ce qui a poussé l'énergique commerçante à fonder le Collectif des femmes pour la lutte contre l'émigration clandestine. "Je suis allée voir les mères pour les convaincre de ne pas financer le départ de leurs enfants. Au début, on me prenait pour une folle", raconte-t-elle, majestueuse dans son ample robe bleu azur, le téléphone portable vissé à l'oreille. "Les gens disaient que je faisais cela parce que mon fils avait échoué." Puis d'autres sont morts. Beaucoup. "Alors, la communauté est venue me trouver, on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose." En quelques mois, le village s'était vidé de ses jeunes gens. "Il n'y avait même plus assez de jeunes pour organiser un match de foot !", s'exclame Yayi Bayam.

La suite de cet article dans le Courrier International

Aucun commentaire: