jeudi 23 août 2007

Intégration, le mot magique et l’apprenti sorcier

Christoph Blocher veut intégrer les étrangers.
Ou plutôt, il veut que les étrangers fassent eux-mêmes l’effort de s’intégrer. Dans le fond, comment lui donner tort? La Suisse est en droit de choisir les migrants qu’elle accueille. Elle est en droit aussi d’exiger d’eux, en échange de son hospitalité, qu’ils respectent ses lois et ses usages, et même qu’ils apprennent une de ses langues nationales. Après tout, il en va de leur propre réussite ici.
L’intégration, c’est vrai, impossible d’être contre. La preuve: tous les partis, de gauche comme de droite, l’ont inscrite à leur programme électoral. Mais ce mot magique qui fait pschitt! peut cacher bien des maléfices et des arrière-pensées.
D’ailleurs, Christoph Blocher ne jouerait-il pas aux apprentis sorciers? Le conseiller fédéral UDC l’admet lui-même, la Suisse n’a pas de problèmes majeurs avec ses étrangers, contrairement à l’image sulfureuse renvoyée par quelques sordides faits divers. Et les cantons n’ont pas attendu que Berne les y pousse pour s’atteler à l’intégration.
Alors pourquoi Christoph Blocher se sent-il le besoin de s’imposer dans ce dossier? Pourquoi monte-t-il en première ligne s’il n’a pas plus de réponses concrètes à apporter?
Le chef de Justice et Police, en sous-main, semble en fait accréditer la thèse que la Suisse ne parvient plus à assimiler ses migrants et qu’elle est par conséquent en danger. Procès d’intention? Que Christoph Blocher dégage les moyens financiers nécessaires à une politique d’intégration ambitieuse, et l’on est prêt à croire que son intention est bien de mettre de l’huile dans les rouages, et pas d’en jeter sur le feu.

Editorial
de Serge Gumy, chef de la rubrique suisse pour le quotidien 24 Heures

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