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Les organisations contre le racisme ont répertorié l'an dernier en Suisse 87 événements, où dominent les attaques visant l'islam. Pour les discriminations, les Noirs ne sont pas en reste.
De Berne, François Nussbaum
L'Association des minorités de Suisse et la Fondation contre le racisme et l'antisémitisme ont recensé 87 «événements à caractère raciste» en Suisse l'an dernier. Un chiffre à peu près constant ces dernières années. Mais, selon Hans Stutz, auteur de cette chronologie annuelle, si les mécanismes demeurent (haine, exclusion), les représentations de «l'ennemi» changent.
Depuis une quinzaine d'années, dit-il, presque partout en Europe, «les musulmans sont entrés dans la ligne de mire des xénophobes et des racistes». Les discriminations qu'ils subissent - embauche, formation, logement - sont indépendantes de l'origine ethnique et de l'attitude religieuse, constate l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes.
Hans Stutz désigne clairement ceux qui, selon lui, ont lancé des campagnes racistes: les représentants UDC dans les parlements cantonaux et les comités constitués contre la construction de minarets. «Ces campagnes prétendent que l'islam veut dominer le monde et que les minarets sont le symbole de cet esprit de conquête territoriale», dénonce-t-il.
L'an dernier, précise-t-il, «le racisme à l'égard des musulmans est même devenu un thème central du discours des milieux nationalistes et conservateurs comme l'UDC et l'Asin (Action pour une Suisse indépendante et neutre)». Il cite notamment le conseiller national (UDC/ZH) Ulrich Schlüer, éditeur de la revue «Schweizerzeit» et de livres antimusulmans.
Ces milieux ont d'ailleurs formé le Groupe Egerkingen, du nom de la commune soleuroise où ils sont réunis pour coordonner l'opposition aux projets de minarets à Wangen et Langenthal. Il en est résulté le lancement d'une initiative populaire contre de telles constructions dans toute la Suisse: la récolte de signatures a démarré hier (voir notre édition du 25 avril).
Hans Stutz note que le débat a pris une autre tournure lorsqu'on a appris que l'association culturelle turque d'Olten, qui exploite la mosquée de Wangen, arborait le drapeau des Loups Gris (extrémistes de droite turcs). Ulrich Schlüer, lui, réfute l'accusation de racisme: selon lui, les minarets sont une provocation politique et dépassent la liberté de croyance. Par ailleurs, le recensement des événements à caractère raciste fait apparaître de nombreuses discriminations à l'égard des Noirs, «en particulier de la part de la police» (vérification d'identité, fouilles). Il s'agit aussi de refus d'entrer dans des bars ou des boîtes, sous des prétextes divers. En revanche, les choses semblent s'être calmées concernant l'antisémitisme.
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