jeudi 26 avril 2007

Le peuple votera sur les minarets

LIre l'article de Christiane Imsand dans la liberte.ch
L'UDC va jouer sur l'air du «péril islamique» pendant toute la campagne électorale. L'occasion lui en est donnée par le lancement d'une initiative populaire fédérale pour interdire la construction de minarets en Suisse. La récolte des signatures débute le 1er mai.
Formellement, c'est un comité ad hoc présidé par le conseiller national Ulrich Schlüer (udc/ZH) qui se trouve derrière ce projet, mais il ne fait aucun doute que le parti va s'y rallier. Le sujet est à l'ordre du jour de l'assemblée des délégués du 30 juin prochain. L'initiative suscite aussi l'intérêt de l'Union démocratique fédérale, un petit parti conservateur qui a deux élus à Berne.
Dans la Constitution
Jusqu'à présent, toutes les tentatives de traiter la question au niveau cantonal ou communal se sont heurtées à un mur juridique, à savoir l'article 15 de la Constitution fédérale qui garantit la liberté de conscience et de croyance. Voilà pourquoi le comité d'initiative veut compléter cet article par une phrase: «La construction de minarets est interdite».
«Nous n'avons rien contre les lieux de prière musulmans qui resteront garantis par la Constitution, affirme Ulrich Schlüer. Par contre, on ne peut pas réduire les minarets à leur dimension architecturale. Ils constituent une expression de pouvoir politico-religieux qui révèle une volonté d'expansion dangereuse pour la paix confessionnelle». Et d'invoquer un autre article constitutionnel, l'article 72, qui permet à la Confédération et aux cantons de prendre des mesures propres à maintenir la paix
entre les membres des différentes communautés religieuses.
Evêques pas opposés
Pourtant, le président de la conférence des évêques, Mgr Kurt Koch, s'est déjà prononcé contre une interdiction des minarets. «C'est un signe identitaire pour les musulmans. On trouverait sûrement incompréhensible d'interdire l'édification d'un clocher lors de la construction d'une église chrétienne», a-t-il affirmé en septembre dernier. «Ce point de vue est partagé par les autres évêques», souligne l'attaché de presse de la conférence des évêques Walter Müller. «La liberté de religion s'applique à tout le monde.»
Du côté de la Fédération des Eglises protestantes (FEPS), pas question non plus d'interdire la construction de minarets. «C'est un symbole religieux qui fait partie des manifestations publiques de la foi, explique le directeur de la communication Simon Weber. Aucune religion ne peut se réduire à une pratique privée. Elles ont toutes une dimension communautaire». La FEPS demande cependant aux musulmans de se montrer patients. «Voyez ce qui s'est passé avec l'Eglise protestante en Valais. Cela a pris des décennies pour qu'elle soit reconnue, mais aujourd'hui c'est une évidence».
A Genève et à Zurich
Ulrich Schlüer n'a cure de ces prises de position. Il est persuadé que les chrétiens de base se montreront plus sensibles à son argumentation que les responsables ecclésiastiques. De fait, un sondage du «Matin» publié en septembre 2006 révélait que 43% des Romands seraient contre l'édification des minarets. Beaucoup ne savent pas qu'il en existe déjà à Genève et à Zurich. Ce sont des minarets silencieux. Aucun muezzin n'appelle à la prière.

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