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Le 1er Août 2002, c’était la première et dernière fois que je me suis rendu sur la prairie du Grütli. J’étais très impressionné par la force de mobilisation déployée par mes camarades. Mais au fond de moi j’avais déjà rompu avec le mouvement», raconte Patrick Sandmeier. Un dernier salut hitlérien, le bras tendu, et une photo de presse dont il se serait bien passé.
A 25 ans, le jeune Argovien veut briser un tabou en parlant de son passé peu reluisant: quatre années dans la fange brune. Par son témoignage, il veut montrer qu’il existe une vie après le néonazisme. Et peut-être convaincre d’autres jeunes d’emprunter le même chemin que lui.
«J’ai peu à peu réalisé que mon appartenance à l’extrême droite pouvait avoir des répercussions négatives sur ma vie privée, raconte le jeune homme aux sourcils rasés. J’ai même risqué de perdre mon travail, dans la grande distribution, le jour où j’ai refusé de travailler avec un collègue tamoul.» Dans un premier temps, Patrick Sandmeier n’abandonne que les signes extérieurs du parfait petit néonazi: il laisse pousser ses cheveux ras et revend son blouson bombers et ses bottes militaires. Mais il gardera encore en lui la haine de l’étranger et s’inscrit chez les jeunes UDC. Peu à peu pourtant, il commence à mettre en doute ses idées fascisantes. «Le comportement de mes collègues étrangers ne correspondait pas au cliché véhiculé: ils n’étaient pas fainéants et malgré mes convictions, ils ont toujours été corrects avec moi. Toutes ces contradictions m’ont fait réfléchir.»
Forums de jeunes infiltrés
Le racisme, Patrick Sandmeier, a décidé aujourd’hui de le combattre. Il s’est allié avec le célèbre chasseur alémanique de néonazis Heinz Kaiser et deux étudiants. Ensemble, ils viennent d’ouvrir le site internet zugera.ch. «Nous voulons surtout faire de la prévention: agir en amont en témoignant de mon expérience, notamment, dans les écoles», dit l’exnéonazi.
Une autre de ses activités consiste à traquer ses anciens camarades sur le net. «Les extrémistes de droites infiltrent les sites et les forums de jeunes pour tenter de rallier de nouveaux membres. Je les repère facilement parce que je connais leurs codes d’identification. » Pour le site partyguide.ch, le jeune Argovien a déjà effacé une centaine de photos ou de citations à caractère raciste.
Son but est d’empêcher que les jeunes ne tombent comme lui dans le piège. «Le mouvement néonazi est comme une secte: il est facile d’y entrer, mais très difficile d’en ressortir.» Lui est tombé dedans à 16 ans, pendant son apprentissage. «Je viens d’un coin rural de l’Argovie, le Freiamt, très à droite et très conservateur, où les idées racistes sont répandues. » Les étrangers, Patrick Sandmeier ne les aimait déjà pas beaucoup à l’école. Puis un jour le grand frère d’un copain l’emmène voir un concert néonazi et ça a été le déclic. «Je suis rentré à la maison, je me suis rasé les cheveux et je me suis dit: je pense comme eux, je vis comme eux, je suis comme eux.» Il intègre une petite clique d’une quinzaine de personnes très soudée. «J’avais l’impression de faire partie d’une véritable famille, d’un clan. Ce sentiment d’appartenance et de protection je ne l’ai plus jamais retrouvé.» D’ailleurs, lorsqu’il quitte le groupe, Patrick Sandmeier se retrouve d’un coup très seul. «Mes amis d’avant m’avaient déjà tourné le dos, mes camarades d’extrême droite me traitaient de «cochon d’ex-nazi» ou de traître à la patrie.» Aujourd’hui, il a déménagé dans un autre coin du canton d’Argovie. Avec sa compagne d’origine slovène, il élève son fils de 2 ans. «C’est aussi pour lui que je témoigne. Même si ma mère ne supporte pas de me voir dans les journaux en tant qu’ex-néonazi.
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