Lire l'article d'imelda ruffieux, «Freiburger nachrichten»
Abus sexuels • L'éducateur Albert Studer connaît la plupart des protagonistes de l'affaire qui vient d'éclater en Singine. La majorité est originaire des Balkans.
Educateur à Schmitten et Wünnewil-Flamatt, Albert Studer n'a pas été surpris lorsqu'a éclaté l'affaire d'abus sexuels qui préoccupe la justice fribourgeoise depuis quelques mois (LL d'hier). Le Singinois, par ailleurs député au Grand Conseil dans les rangs de l'Alliance centre gauche (ACG), connaît la plupart des protagonistes de cette affaire, auteurs comme victimes.
Les jeunes hommes ayant contraint trois mineures à des actes d'ordre sexuel (lire ci-contre) faisaient déjà parler d'eux au local jeunesse, où ils se distinguaient par leurs accès de violence réguliers. L'intervention de la police a déjà été sollicitée pour certains d'entre eux. Mais les peines dont ils ont écopé étaient trop légères, dénonce aujourd'hui Albert Studer. Ils ont donc continué sur leur lancée.
Sévérité demandée
«Ils savent qu'ils ne risquent pas grand-chose», déplore l'éducateur. «Des jeunes comme eux ont besoin d'une certaine sévérité, d'une punition qui leur montre le droit chemin.» Il pense par exemple au Foyer Saint-Etienne à Fribourg. «Il est inacceptable de devoir renoncer à de telles mesures en raison d'un manque de place dans ce type d'établissement», affirme le député, qui estime qu'il faut agir sur le plan politique.
Conscient du fait que la répression est dénoncée dans de nombreux milieux, il affirme que la prévention a également son importance. «Mais dans certains cas, les jeunes ne comprennent qu'un discours clair.» Et Albert Studer de regretter qu'il doive parfois endosser le rôle du père, souvent absent des foyers de ces jeunes. L'éducateur ne cache pas que la majorité des abuseurs présumés sont d'origine étrangère.
Surtout des Balkaniques
Dans le cadre de l'émission «Forums» hier soir à la RSR, le conseiller d'Etat socialiste Erwin Jutzet a précisé qu'il s'agissait, pour la plupart d'entre eux, de ressortissants des Balkans de la 2e génération. Il a estimé que cette affaire démontrait «l'échec de la politique suisse d'intégration depuis 15 ans».
Albert Studer ne va pas jusque-là. Selon lui, le problème ne relève pas uniquement d'un déficit d'intégration. «Certains de ces jeunes sont bien intégrés, parlent notre langue aussi bien que nous, et avaient de bonnes chances d'intégrer le monde du travail.» Selon lui, ce sont surtout les parents et leur modèle éducatif déficient qui sont en cause.
Il dénonce également les conditions de vie dans lesquelles évoluent abuseurs et victimes. Le quartier de Mühletal, à Schmitten, n'est pas un endroit approprié pour eux, estime-t-il. «Aucune famille normale ne devrait vivre là-bas.» Proximité des voies de chemin de fer, familles nombreuses, pas de places de jeu ni d'espace libre... «Il n'y a rien de pire qu'un ghetto.» La cohabitation entre de nombreuses nationalités crée en outre des tensions. «L'idéal serait de raser ces immeubles», estime Albert Studer.
En ce qui concerne l'affaire d'abus en elle-même, l'éducateur a pu constater que quelques jours de détention préventive n'avaient nullement impressionné les jeunes accusés. Au contraire. Jusqu'à leur jugement, qui interviendra après un long délai, ils seront renforcés dans leur conviction que rien ne peut leur arriver. Et deviendront des exemples pour d'autres, dont leurs petits frères.
Protéger les jeunes
Albert Studer espère un jugement exemplaire. Ceci pour protéger les autres jeunes, qui se comportent de manière correcte. «Avec notre système laxiste, nous permettons à quelques semeurs de troubles de prendre beaucoup trop d'importance.» Il estime que le district de la Singine abrite une vingtaine de jeunes, âgés de 14 à 21 ans, qui filent le même mauvais coton. Une prévention efficace ne pourra se faire que lorsque les «éléments perturbateurs» seront sous contrôle, juge-t-il.
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