samedi 3 février 2007

Asile: un bilan fragile

Lire l'édito de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura
Pas besoin de commentaires! Le bilan de Christoph Blocher en matière d'asile parle de lui-même. En 2003, on comptait plus de 21 000 nouvelles demandes d'asile. En 2006, leur nombre a diminué de moitié. En 2003, on comptait quelque 64 500 personnes dans le processus d'asile. Il y en a 20 000 de moins. En 2003, plus de 17 000 personnes devaient quitter le territoire. Elles sont moins de 8000. Même succès en matière de recherche d'identité. De 10 800 en 2003, le chiffre est réduit de moitié en 2006. Particulièrement réjouissant enfin, le taux de décisions positives passe de 6,7% seulement en 2003 à 19,5% en 2006. Cela signifie qu'il y a de moins en moins d'«abus» au sens de la loi sur l'asile.

Ce bilan est néanmoins fragile. Christoph Blocher en est conscient. Depuis que la Commission de recours en matière d'asile (CRA), aujourd'hui intégrée au Tribunal administratif fédéral, a reconnu l'objection de conscience comme motif d'asile, les demandes des Erythréens ont connu une progression vertigineuse: de 159 en 2005 à 1201 en 2006. On sent le ministre de la justice préoccupé par cette évolution. Elle est susceptible de remettre en cause son bilan, et par là même de ternir l'image que veut se donner l'UDC dans cet épineux domaine. Du coup, il sort ses griffes, et pas seulement en direction des objecteurs et déserteurs de l'Erythrée!

On comprend les requérants d'asile. En quête d'un avenir plus humain, ils utilisent les failles des Etats. Dès lors, quiconque baisse la garde est menacé d'un afflux de demandes d'asile. Cette situation explique le soin mis par Christoph Blocher à rechercher les points faibles à y remédier. Dans son collimateur, les mariages par procuration (susceptibles de favoriser les mariages blancs, les mariages forcés et la traite des femmes), la non-reconnaissance des décisions rendues par un Etat de l'UE, les manifs exercées par les requérants en Suisse en vue de créer une situation dangereuse pour eux et d'éviter ainsi leur renvoi. Sans doute Christoph Blocher met-il à sa tâche assez de zèle pour éblouir les électeurs de l'UDC. La présentation de son projet en juin prochain montrera la véritable pertinence de ses projets. En attendant, force est d'admettre qu'il met autant d'ardeur à concrétiser aussi, avec le soutien des cantons, des mesures d'intégration au pragmatisme prometteur. Seul un quart des réfugiés reconnus travaille. Sa volonté d'intégrer également les autres en améliorant leurs connaissances, notamment linguistiques, devrait être partagée. Mais seul l'avenir dira si les échéances électorales peuvent être propices aux projets constructifs.

2 commentaires:

Arnella a dit…

Je trouve cet article scandaleux. Dire que les requérants d'asile exploitent les failles du système est proprement honteux. La loi sur l'asile offre un refuge à des gens qui fuient une oppression. Reconnaître cette oppression spécifique -en l'occurence sur les déserteurs- n'a rien d'une faille. C'est une preuve d'efficacité, un pas humanitaire essentiel, qui tend à disparaître.

animal farm a dit…

M. Blocher prétend protéger les réfugiés en les empêchant de manifester. Alors que ses services ne trouventrien de mieux que de prendre des renseignements auprès des ambassades dans les pays d'origine, qui s'adressent aux polices locales.
En réalité il veut protéger certains Suisses contre leur tendance à être choqués par sa politique.