mardi 30 janvier 2007

Qu'on arrête de banaliser le racisme!

Lire l'article de Federico RapiniJournal du Jura en ligne
Des Noirs se voient refuser l'entrée d'un bar en raison de leur couleur de peau. La scène ne se déroule pas dans un Etat ségrégationniste étasunien au cours de années 50, mais l'année dernière, dans une commune du Chablais vaudois. Ou dernièrement, dans la capitale helvétique. Certes, on peut parler de cas isolés, de gérants aveuglés par la peur de l'étranger et encouragés par une extrême droite qui claironne son infâme idéologie depuis les plus hautes sphères politiques suisses. Mais alors que le ministre de la Justice Christoph Blocher remet en cause le bien-fondé de la norme pénale antiraciste, ces récents événements démontrent au contraire toute la nécessité de ce texte de loi. A Bex comme partout ailleurs en Suisse. Dans un Etat de droit, il n'est pas tolérable qu'un hurluberlu animé de motivations racistes inscrive «Nègre Go Home» sur les murs - comme c'est arrivé à Bex - sans être inquiété par la justice.

L'exclusion et la persécution d'individus basées sur des critères d'ethnie ou de race sont une réalité en Suisse. Pas besoin de chercher bien loin. A Bienne, l'opération «Boule de neige», qui vise à combattre le petit trafic de cocaïne, cible avant tout les Noirs. Le commandant de la police municipale ne s'en cache pas. Sous prétexte que le marché de la rue est tenu par les Africains, chaque personne de couleur devient un trafiquant de drogue présumé. Avec toutes les bavures que cela engendre.

Dans ce contexte de paranoïa, l'attitude de Michel Flückiger ne peut être que dénoncée. Par ses déclarations, le syndic de Bex attise un feu du racisme déjà bien alimenté par l'UDC. Employer un vocabulaire destiné aux animaux pour désigner des requérants d'asile n'est pas très reluisant. Mais refuser de s'excuser «surtout auprès des NEM, car ils ne disposent pas d'un statut légal» frise le dédain. Pourquoi «surtout pas les NEM»? Leur humanité est-elle réduite ou effacée en raison de leur situation instable? Existe-t-il des classes de personnes qui, par défaut, ne méritent pas le respect? Passés quasi inaperçues, les allégations de Michel Flückiger prouvent qu'il a urgence. Le racisme se banalise peu à peu. Tout rempart pour s'en protéger se révèle donc indispensable.

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