Lire l'article de Laurent Busslinger dans 24heures:
Il y a deux ans, Pierre Chiffelle, alors conseiller d’Etat chargé de l’asile, avait exprimé l’idée de «centre spécial pour requérants délinquants» dans des termes semblables à ceux de Jean-Claude Mermoud.
En 2004, le prédécesseur de Jean-Claude Mermoud avait eu la même idée que lui. Sans lendemain.
«Je ne propose pas des émotions, mais des solutions.» En février 2004, Pierre Chiffelle, conseiller d'Etat chargé de l'asile, défendait ainsi dans 24 heures son projet de… «centre spécial pour requérants délinquants.» Dans les mêmes termes, ou presque, que l'a fait lundi son successeur UDC.
Le socialiste prônait: «La mise à l'écart de l'infime minorité qui perturbe la réputation de tous les autres.» Pierre Chiffelle intervenait après une descente de police au centre de requérants de Crissier, motivée par des problèmes de drogue. «La population ne veut plus des requérants dealers», constatait-il, en se prononçant pour «des règles strictes de sécurité et d'encadrement».
Il imaginait quatre centres en Suisse, dépendant de la Confédération. Mais devait admettre, un an après la révolte de Vugelles-La Mothe, qu'il «n'avait pas connaisance d'une possibilité concrète», dans le canton de Vaud. Presque trois ans plus tard, rien n'a changé, et si l'idée revient sur le devant de la scène, elle paraît toujours aussi loin d'une quelconque concrétisation.
Rejet socialiste
Sollicité, Pierre Chiffelle n'a pas réagi hier pour commenter ses propos. Devenue présidente du parti, Josiane Aubert se souvient du «fort rejet des socialistes vaudois.» Cesla Amarelle, vice-présidente du PSV, qui était alors membre de la commission des migrations, évoque un comité directeur «manifestant clairement son opposition.»
Que des magistrats de sensibilité aussi opposée que Jean-Claude Mermoud et Pierre Chiffelle en arrivent à des propositions identiques n'ébranle pas les deux militantes. «On met ces gens dans des camps, et après? Que fait-on d'un ghetto qui grandit?» interroge Josiane Aubert. Déplorant au passage «le manque de moyens» de la chaîne pénale vaudoise, elle insiste sur l'application des lois contre les dealers, et sur la conclusion d'accords de réadmission permettant d'expulser les fauteurs de troubles. «Il en faut avec toute l'Afrique subsaharienne, mais Christoph Blocher n'agit pas», répète Cesla Amarelle (24 heures d'hier).
La Suisse dispose de tels accords avec 40 Etats, mais seul le Nigeria est dans la zone la plus sensible. «Nous travaillons, nous menons des contacts», se défend Brigitte Hauser, porte-parole de l'Office des migrations, qui tait toutefois le nom des pays concernés.
Reste une question: si ces accords sont si prometteurs, ne faudrait-il pas une task-force entre Micheline Calmy-Rey et Christoph Blocher s'y investissent à fond? Porte-parole du Département des affaires étrangères, Jean-Philippe Jeannerat réagit avec prudence: «Il ne faut pas sous-estimer l'ampleur de la tâche, ces accords doivent correspondre aux standards humanitaires de la Suisse.» Et puis, estime-t-il, il y a une «bonne coopération» entre les deux départements.
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