Lire l'article d'Antoine Grosjean dans 24 heures
La semaine dernière, un charter parti d'Allemagne a rapatrié 35 Africains expulsés par plusieurs pays européens, dont la Suisse. Si la collaboration semble difficile quant aux accords de réadmission, en revanche les Etats se donnent la main pour économiser sur ces «vols spéciaux». C'est sans doute l'aspect le moins «glorieux» de toute politique d'immigration. Jeudi dernier, un avion décollait de Düsseldorf à destination du Togo et du Cameroun. A son bord, 35 ressortissants Africains rapatriés sous la contrainte. La particularité de ce vol: il était affrété conjointement par plusieurs pays européens. Deux nouveaux vols communs sont déjà agendés au premier semestre 2007.
Le but de ces charters conjoints est de faire des économies. Selon l'Office fédéral des migrations, chaque «vol spécial» - c'est leur nom officiel - affrété par la Suisse seule lui coûte entre 60 000 et 100 000 francs. Ou en moyenne 10 000 francs par personne.
Pratique en augmentation
Relativement nouvelle, cette coopération en vue d'expulser les étrangers indésirables - requérants d'asile déboutés et étrangers en situation irrégulière - est appelée à se développer. En juillet 2005, à Evian, les pays du G5 - France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, Espagne - décidaient d'élargir à l'échelle européenne une forme de collaboration que certains d'entre eux pratiquaient déjà de manière bilatérale. La Suisse elle-même participe depuis au moins deux ans à ce genre d'opérations conjointes. Mais le charter de jeudi dernier est le deuxième auquel elle prend part depuis que le G5 a formalisé la pratique. «Cela va rester marginal», affirme le porte-parole de l'Office fédéral des migrations (ODM), Dominique Boillat. «On devrait s'en tenir à deux vols par an. Ce n'est pas toujours la meilleure solution. Il faut acheminer les personnes au pays d'où part l'avion, parfois passer la nuit sur place, tout cela ne fait qu'accroître les coûts.»
Les organisations de défense des migrants semblent désabusées face à ces charters communs avec l'Europe, surtout depuis que les nouvelles lois sur l'asile et les étrangers ont entériné le durcissement des mesures de contrainte. Au plus, s'inquiète-t-on de savoir quel Etat endosse la responsabilité en cas de dérapages. Il y a quelques années, plusieurs décès étaient survenus lors de renvois forcés. Chaque pays envoie ses propres policiers - les cantons suisses ont des agents spécialement formés - pour raccompagner «ses» expulsés. Dans le vol de Düsseldorf, le «personnel accompagnant» comptait plus de cent personnes pour 35 rapatriés.
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