Hier dans les colonnes de 24 heures, le conseiller d'Etat vaudois UDC Jean-Claude Mermoud imaginait un «centre spécial» pour requérants difficiles. Membre de SOS Asile, Christophe Tafelmacher répond .
- Comment réagissez-vous à une telle idée?
- Si de tels camps se concrétisaient, ce serait des zones de non-droit, de petits Guantánamo helvétiques. Mais je n'ai pas l'impression que ça se fera. C'est de la poudre aux yeux électorale qui occulte les vrais problèmes.
- Qui sont?
- Le cercle vicieux de notre politique. La Suisse a une des lois sur l'asile les plus dures d'Europe. Il n'y a plus aucun accueil, les gens sont sous pression dès leur arrivée, soumis à interdiction de travail. Après leur avoir rendu la vie impossible, l'UDC dénonce ensuite leur délinquance. Je trouve ça fort de tabac, c'est une logique complètement délétère.
- Mais n'est-ce pas toute la politique d'asile qui souffre des requérants délinquants qu'on ne peut expulser?
- Oui, mais c'est exactement ce qu'on cherche. On mise sur le tout répressif, en n'admettant, par exemple aucun réfugié de Sierra Leone. Il y a eu là-bas une des pires guerres civiles du monde, avec des exactions, des enfants soldats… La bonne réponse serait d'alphabétiser, d'occuper, de former ceux qui sont là, venant de ce pays. On résoudrait la plus grande partie des problèmes qui se posent.
- A quel prix?
- Mais combien nous coûtent les mesures de contrainte, l'escalade sécuritaire, la répression? Je serais curieux d'avoir une vraie statistique.
- Que dites-vous aux habitants de Bex qui vivent très concrètement les désagréments d'un centre?
- Je félicite le groupe d'appui aux requérants qui s'est constitué parmi eux. Je constate que presque un Bellerin sur deux (47%) a voté pour garder le centre. Les requérants sont des humains à la vie déchirée, il faut les autoriser à se construire un avenir.
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