vendredi 3 novembre 2006

Fragile sursis pour une famille à bout

Lire cet article de Marc Ismail dans 24heures en ligne
Fixé par les autorités cantonales au 24 octobre dernier, le départ forcé des Nebija n'a pas encore eu lieu. Suite à une «rencontre de la dernière chance», accordée grâce à une importante mobilisation, Fatmir et sa famille ont pu obtenir un dernier sursis. Et quelques concessions. Tout d'abord, la famille aiglonne ne sera finalement pas renvoyée au Kosovo, où de sérieuses menaces pèsent sur Fatmir, mais en Albanie, patrie de sa femme Alba. De plus, en lieu et place des 500 francs mentionnés sur le plan de vol initial, ce sont 7000 frs qui seront alloués aux Nebija, pour tenter de se reconstruire une nouvelle vie. Reste le problème important de l'AVS. Henri Rothen, directeur du Service de la population du canton de Vaud (SPOP), explique: «Dans les cas où les personnes sont originaires de pays avec lesquels la Suisse à des accords sur l'AVS, celle-ci n'est versée qu'à l'âge de la retraite. Lorsque de tels accords n'existent pas, le ressortissant peut toucher le capital de ses cotisations». Or, entre Suisse et Albanie, c'est ce deuxième cas de figure qui s'applique. Fatmir a donc lancé une procédure de naturalisation pour obtenir le passeport albanais, et toucher ses huit ans de cotisations AVS, sans attendre trente-deux ans.

Contrat écrit

«Pour signer mon plan de vol, il me faut une garantie, être sûr que les autorités suisses ne changeront pas d'avis lorsque je serai en Albanie. Cet argent, j'en ai absolument besoin, et tout de suite», s'inquiète un Fatmir à bout de nerfs. Même son de cloche du côté d'André Bader, membre de la Coordination asile Chablais: «Il faut une forme de contrat écrit. M. Nebija et sa famille s'engagent à quitter la Suisse, et les autorités lui garantissent de leur côté de lui verser rapidement cet argent. Il y a un certain cynisme à exiger que des gens dans la situation des Nebija attendent trente ans avant qu'on leur verse ce qui leur appartient».

Pourtant, les choses s'annoncent compliquées. «Je ne peux pas me prononcer sur ce cas précis, que je ne connais pas, admet Elie Benmoussa, directeur de la caisse AVS vaudoise, mais normalement, lorsque quelqu'un a cotisé aussi longtemps, il n'est pas possible de toucher son AVS avant la retraite, et ce même s'il est ressortissant d'un pays qui n'a pas d'accords avec la Suisse en la matière.»

Ballottés entre des avis contradictoires, les Nebija seront peut-être fixés sur leur sort aujourd'hui, une rencontre importante étant agendée avec les autorités vaudoises.

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