mercredi 23 août 2006

La soeur de Blocher fait campagne pour le non

Présidente du comité biennois «2xNON», Judith Giovannelli-Blocher critique les révisions préconisées par son frère, Christoph Blocher.

Judith Giovannelli-Blocher estime que la révision des lois sur l’asile et les étrangers
doit exprimer en premier lieu le souci de protection (Keystone/Engeler)



«Comme tra­vailleuse sociale, qui a consacré sa vie aux réfugiés, je ne peux pas me taire: cette loi menace la substance sociale de notre pays», s’exclame Judith Giovan­nelli- Blocher qui préside le co­mité biennois pour le non. Elle s’oppose à son frère en quali­fiant d’exagérés les abus repro­chés aux requérants. Entretien.

«Ces lois mineraient nos droits démocratiques fonda­mentaux! » Ainsi parle la soeur de Christophe Blocher, Judith Giovannelli-Blocher, 74 ans, présidente du comité biennois «2xNON» aux lois sur l’asile et sur les étrangers soumises au vote populaire du 24 septem­bre. Dès vendredi, elle mènera campagne dans la région où elle réside.
Très décidée, la soeur du mi­nistre helvétique de la justice et de la police souhaite rester so­bre et objective à l’égard de Christoph Blocher. «Je me con­centre sur le contenu et je trouve qu’actuellement, la foca­lisation sur sa personne n’est pas utile. Pourtant, c’est assez pesant de représenter l’exact opposé politique de mon frère.» Judith Giovannelli-Blocher critique d’abord la révision de la loi sur l’asile: on n’entrera plus en matière sur les requêtes de personnes n’ayant pas de papiers. «Il y a un énorme dan­ger que des gens réellement persécutés ne puissent pas être reconnus. Souvent, de telles personnes n’ont aucun docu­ment. Et les victimes de tortu­res relatent fréquemment leurs tribulations de manière décou­sue. »

Abus surestimés
Selon elle, une loi sur l’asile doit exprimer en première li­gne le souci de protection – en y incluant la présomption d’in­nocence des immigrants. Or les deux projets sur l’asile et les étrangers sont marqués par la méfiance et la dissuasion.
«Des abus, il y en a bien sûr, mais on les surestime», affirme la travailleuse sociale qui a vu défiler des milliers d’étrangers. Alors que le nombre des requé­rants et des réfugiés admis est en baisse, il n’y a aucune raison, s’insurge-t-elle, d’endurcir les mesures de contraintes et de biffer complètement l’aide so­ciale aux requérants déboutés. «Lorsque des gens sont vulné­rables, ou lorsque les relations familiales ont été brisées, cette aide doit pouvoir être mainte­nue. » Des solutions? La soeur aînée du conseiller fédéral préconise d’un côté davantage de projets cohérents pour aider les requé­rants à retourner vivre chez eux. Et de l’autre une meilleure intégration en Suisse, notam­ment en les autorisant à tra­vailler. «En fin de compte, c’est la pauvreté au Sud qu’il faut combattre», préconise Judith Giovannelli-Blocher.
«La révision de la loi sur l’asile et la nouvelle loi sur les étrangers se heurtent à la subs­tance sociale de notre pays», avertit l’opposante. Ainsi, ceux qui accueillent des requérants déboutés peuvent être punis de leur acte altruiste. «Par exem­ple des pasteurs, des prêtres ou des gens qui s’engagent active­ment dans leur commune pour soutenir des réfugiés.» Elle se réjouit du soutien tou­jours plus large qui se déve­loppe en faveur de la campagne contre les deux projets. «Si ces lois sont refusées, ce sera un signal positif pour d’autres en­jeux sociaux, actuellement me­nacés par des mesures d’écono­mie – comme les soins aux per­sonnes âgées et aux handica­pés. » Auteur de deux livres, Judith Giovannelli-Blocher a dirigé un département à la Haute école pour le travail social de Berne. Sa conclusion se veut optimiste: «La Suisse est malgré tout un pays capable d’intégrer!»

DOMINIQUE SCHÄRER, INFOSUD

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