vendredi 14 juillet 2006

A Vallorbe, les pro-asile sont priés de passer leur chemin


La tournée du Comité vaudois 2 x NON aux lois «contre» l’asile et les étrangers n’est pas la bienvenue à Vallorbe. La Municipalité craint les débordements

Lire l'article de Martine Clerc de 24 Heures

Le 1er septembre prochain, après la Vallée de Joux et avant Sainte-Croix, la cara­vane du Comité vaudois 2 x NON au durcissement des lois sur l’asile et les étrangers aurait dû s’arrêter à Vallorbe. Aurait dû? La Munici­palité, craignant des déborde­ments, lui a demandé de renoncer à son étape, provoquant l’incom­préhension et la colère des oppo­sants aux lois. «Il s’agit de pres­sions inadmissibles, dénonce Jean­ Michel Dolivo, représentant du co­mité.
La Municipalité doit nous permettre d’exercer nos droits constitutionnels, notamment la li­berté d’expression, et favoriser un débat démocratique.» Et cela, quelle que soit son opinion sur les lois fédérales soumise au peuple le 24 septembre, ajoute-t-il.
L’opposant aux deux lois fus­tige les menaces larvées truffant le courrier de la Municipalité de la cité du fer: «On nous laisse entendre que notre venue susci­terait des actions violentes à no­tre égard, et que les autorités laisseraient faire.» Ambiance.

Vallorbe, «cas particulier»

Indigné, le comité l’a fait savoir aux autorités vallorbières, en­voyant dans la foulée une lettre au Conseil d’Etat pour lui deman­der d’intervenir. Réponse tout en nuances de Laurent Francfort, syndic de Vallorbe: «Nous n’inter­disons pas au comité de venir. Il s’agit plutôt d’une suggestion…» Le syndic se défend de vouloir bafouer les droits constitution­nels, expliquant qu’il ne pourrait pas refuser officiellement la de­mande de manifestation du co­mité. «Qu’ils viennent! Mais ils en assumeront les conséquences.» Et de citer les probables déborde­ments de ses concitoyens favora­bles au durcissement du droit d’asile. Et de rappeler le «cas particulier» qu’est Vallorbe. Ces dernières années, la présence dans la commune du Centre d’en­registrement de requérants a sus­cité de lourdes tensions avec la population. En 2004, le Conseil communal avait même réclamé en vain sa fermeture.
«Depuis, nous avons tout en­trepris pour apaiser la situation, notamment en limitant le nom­bre de requérants au centre, ex­plique le syndic. Dans ce cadre, la venue de la caravane pourra être comprise par certains comme une provocation.» En 2002, les Vallorbiers avaient ac­cepté à quelque 60% l’initiative UDC «Contre les abus en ma­tière d’asile», rejetée de justesse par le peuple suisse.

Regards rivés sur Bex

La peur dictera-t-elle aussi les décisions de la quinzaine d’autres localités traversées par la tour­née? «Nos regards inquiets se tournent vers Bex», lâche Jean­ Michel Dolivo. La commune cha­blaisienne, accueillant un impor­tant centre Fareas, a été, fin juin, le théâtre d’une violente bagarre entre un patron de bar et des requérants. Pourtant, la caravane passera. «L’UDC ou les pro-asile peuvent venir. C’est le jeu démo­cratique », assure le syndic Mi­chel Flückiger. Les autorités d’Yverdon, de Payerne ou encore de Moudon accueilleront les pro­asile. Mais ne se prononceront pas officiellement en faveur du rejet des deux lois.
Favorable au double non, le conseiller national libéral Claude Ruey est catégorique: les autori­tés de Vallorbe doivent prendre toutes les mesures possibles pour garantir l’exercice des droits démocratiques, «sous ré­serve qu’il y ait un réel risque de danger, ce dont je doute.» Quant au Conseil d’Etat vaudois, pressé par le Comité 2 x NON d’interve­nir auprès de la Municipalité vallorbière, il n’a pas encore pris connaissance du courrier envoyé mercredi.

MARTINE CLERC
Sur le même sujet: "Du rififi à Vallorbe", dans le Matin, par Yan Pauchard et l'interview du syndic de Vallorbe, Laurent Francfort, dans l'émission Forum du 13 juillet.

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